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Libération
Éditorial

Triste chronique

publié le 22 novembre 2019 à 20h46

Enfin une prise de conscience ? Après les fortes paroles d'Adèle Haenel sur les violences sexuelles dont elle a été victime, les manifestations organisées ce samedi par le collectif #NousToutes pour dénoncer les violences conjugales devraient confirmer qu'il se passe quelque chose dans la société française. L'an dernier, 60 000 personnes avaient défilé dans toute la France, dont la moitié dans la capitale. Les cortèges, on l'espère, seront cette fois plus fournis. Jadis considérées comme des faits divers, souvent attribuées à la fatalité, les violences conjugales deviennent un sujet de société. Les associations se mobilisent, les stars prennent la parole. Un mot s'est imposé pour qualifier la pire d'entre elles : «féminicide». Depuis trois ans, Libération en tient la triste chronique. En 2018, 121 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex. Elles seront sans doute plus nombreuses cette année. Sous l'impulsion de la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, le gouvernement d'Edouard Philippe a lancé en septembre «un Grenelle des violences conjugales». Les mesures en préparation seront-elles à la hauteur ? Réponse lundi. Autre signe favorable, la ministre de la Justice a admis récemment des «défaillances» de l'Etat. Elles commencent dès l'accueil réservé aux femmes qui veulent porter plainte, ou qui appellent quand elles sont en danger. Une déclaration pour vol est rarement mise en doute. Une déclaration pour violence conjugale, souvent. Pourquoi ? Seul un travail en profondeur, à tous les étages des ministères de l'Intérieur et de la Justice, pourra changer les choses. Quant au travail de prévention, de sensibilisation, effectué par les associations, il nécessite des moyens, pour un combat qui ne fait que commencer.