Rassurer ou diviser ? Avant la journée de mobilisation du 5 décembre, les partenaires sociaux se succèdent lundi et mardi à Matignon pour d’ultimes concertations sur la réforme des retraites. Edouard Philippe doit recevoir, dans l’ordre, le Medef, la CFTC, la CPME, la CFDT, l’Unsa et Force ouvrière lundi. Mardi viendra le tour de l’U2P et de la CFE-CGC. Après avoir laissé planer le doute, le patron de la CGT, Philippe Martinez, a confirmé dimanche qu’il serait finalement au rendez-vous mardi à 9 h 30.
Officiellement, il s'agit «de faire un point sur l'ensemble de la réforme : le système cible [universel, qui doit remplacer les 42 régimes de retraites existants, ndlr], la transition et le retour à l'équilibre en 2025», selon Matignon. Et, plus généralement, de montrer que «le dialogue social continue», selon l'entourage du Premier ministre. Pour le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le gouvernement doit, à l'issue de ces rencontres, «trancher les points majeurs (de la réforme des retraites). Le flou ne fait que nourrir l'impression de ne pas savoir où l'on va et cela ajoute de l'anxiété à l'anxiété».
Côté majorité, le dialogue ne semble pourtant plus la priorité. Reprenant les éléments de langage d'Emmanuel Macron déroulés vendredi à Amiens, le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, dénonce dans le JDD «une mobilisation pour conserver des inégalités», notamment les régimes spéciaux. Même son de cloche pour Gérald Darmanin, qui parle d'une «manifestation contre le fait qu'on veuille quelque chose d'égalitaire». Pour Philippe Martinez, cette stratégie de division ne portera pas ses fruits. «Emmanuel Macron a été élu pour faire un nouveau monde de la politique. Dans sa pratique, c'est plutôt l'ancien monde que de stigmatiser les pseudo-privilégiés», s'est-il agacé sur RTL, prédisant une mobilisation «massive» et «des centaines de manifestations» le 5 décembre.
La droite, de son côté, fait feu de tout bois sur le service minimum. Présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse demande au gouvernement de «faire voter un vrai service garanti de 100 % aux heures de pointe» et exige des opérateurs un «remboursement automatique du pass Navigo» au prorata des jours de grève. Patron des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau va un cran plus loin, annonçant le dépôt d'une proposition de loi visant à créer un «droit aux transports publics garanti», critiquant en creux la loi sur le service minimum de 2007, fierté de Nicolas Sarkozy. Bruno Retailleau préconise carrément la réquisition de grévistes. Réaction de Martinez : «Pourquoi pas supprimer le droit de grève, pendant qu'on y est ?»