Qui songera, mercredi, à célébrer cet anniversaire ? Le 27 novembre 2016, la primaire de droite désignait François Fillon comme candidat de son camp à la présidentielle. Utilisé pour la première fois à droite, le système passe alors pour un éclatant succès politique et financier. Trois ans plus tard, son retour d’ici à 2022 n’a rien d’acquis. Si certains y voient toujours le meilleur moyen de désigner leur candidat, d’autres veulent en finir avec un processus jugé partiellement responsable du désastre de 2017.
Que la primaire soit inscrite dans les statuts de LR n'empêche pas Christian Jacob, nouveau président du parti, de dire tout le mal qu'il en pense. «J'y étais opposé avant-hier, hier et [je le suis] aujourd'hui», a-t-il insisté mi-octobre, dénonçant un «système qui consiste à dire : il faut d'abord diviser pour mieux rassembler après. On a envie de dire : et si on rassemblait tout de suite !» Ses détracteurs croient lire, dans de tels propos, son intention de «verrouiller» le parti et d'y favoriser la désignation de son ami François Baroin, le maire de Troyes.
«Popularité»
Si ce dernier n'a encore exprimé aucune ambition présidentielle, son avis est fait sur la primaire : «Elle nous a tués», jugeait-il après la défaite de Fillon, aussi opposé au système qu'il y fut favorable après la présidentielle de 2012. Fin 2017, une bonne partie des adhérents LR étaient sur la même ligne : dans un questionnaire interne retourné par 41 000 d'entre eux, 70 % refusaient le principe d'une primaire «ouverte», accessible à tout électeur déclarant partager les «valeurs de la droite».
Sans primaire, «il n'y aura pas de rassemblement, mais plusieurs candidatures», se condamnant collectivement à l'échec, prévient Valérie Pécresse. Démissionnaire de LR sous la présidence Wauquiez, la présidente d'Ile-de-France est logiquement favorable à un scrutin ouvert, accessible aux nombreux électeurs modérés qu'elle espère réunir sur son nom. Dans son récent ouvrage, la présidente de Libres s'efforce de relégitimer le système. Celui-ci aurait préparé la faillite de la droite en désignant, fin 2016, le «mauvais candidat» ? Personne ne peut l'imaginer à l'époque, souligne-t-elle, alors qu'il épargne à la droite le drame de candidatures multiples et que «son vainqueur sort avec une popularité inégalée de ses débats télévisés successifs».
«Filtre»
Même point de vue chez le président du Sénat, Gérard Larcher : «Ce n'est pas l'échec de la primaire, mais de celui qui avait été légitimement choisi» par celle-ci, juge-t-il dans son propre livre (1). «Il aurait fallu se mettre en marche immédiatement et convertir une victoire à une primaire en une campagne pour la présidence de la République. Or, François Fillon part en vacances… Décembre est gâché, fin janvier [après les premières accusations contre le candidat et son épouse, ndlr], c'est raté.»
Quant au dernier «présidentiable» du moment, Xavier Bertrand, il a écarté d'avance toute participation à une éventuelle primaire, y voyant un «filtre» superflu. «Ma primaire, ce sera la régionale» de 2021, promet-il presque deux ans après son départ de LR, liant toute candidature nationale à sa réélection à la tête des Hauts-de-France.
(1) Contre-pouvoir, avec Marion Mourgue (éd. de l’Observatoire).