Le député PS de Martinique Serge Letchimy a présidé la commission d’enquête parlementaire sur l’impact économique, sanitaire et environnemental de l’utilisation des pesticides chlordécone et paraquat en Guadeloupe et Martinique, dont le rapport a été présenté ce mardi. Il insiste sur la responsabilité de l’Etat dans ce qu’il qualifie de «drame» et de «scandale», le chlordécone ayant été autorisé entre 1972 et 1993 aux Antilles françaises pour lutter contre le charançon du bananier, alors même que les autorités avaient été informées dès la fin des années 60 de la dangerosité de cet insecticide ultra toxique et de sa persistance dans l’environnement. Il presse aussi l’Etat de mettre enfin en place des mesures ambitieuses de réparation et d’indemnisation des victimes et territoires touchés. Sans quoi il y aura, dit-il, «une crise sociale majeure».
Les conclusions de votre rapport sont implacables : l’Etat est «le premier responsable» de la contamination au chlordécone. Qu’est-ce qui vous paraît le plus scandaleux dans cette affaire ?
D’abord, l'étendue du drame. Nous savions que les terres sont polluées, qu’il y a des risques pour la santé, mais nous avons pris conscience pendant les auditions que nous avons menées qu’en fait, le drame est systémique. Tout le monde et tout est touché, l’alimentation, l’agriculture, l'économie… La population est atteinte physiquement et psychologiquement. C’est un bouleversement complet.
Ensuite, l’Etat savait dès 1969 que ce pesticide est ultra toxique et qu’il reste des décennies dans l’envir