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Libération
Reportage

Après la mort des 13 militaires, à Gap, le recueillement pour des frères d’armes

La 27e brigade d’infanterie de montagne, établie en Isère, dans le Vaucluse et dans les Hautes-Alpes, a perdu six hommes lundi soir.
Habitants et militaires ont rendu hommage à leurs disparus mardi devant l'hôtel de ville de Gap (Hautes-Alpes). (JEFF PACHOUD/Photo Jeff Pachoud. AFP)
par François Carrel, correspondant à Grenoble
publié le 27 novembre 2019 à 20h46

Six des treize militaires morts lundi soir étaient membres de la 27brigade d'infanterie de montagne (27BIM), l'unité de l'armée de terre qui regroupe l'ensemble des troupes de montagne françaises. L'un était membre du 93régiment d'artillerie de montagne de Varces, près de Grenoble (Isère) où se trouve également le quartier général de la 27BIM, un autre appartenait au 2régiment étranger de génie de Saint-Christol (Vaucluse), et enfin quatre étaient issus du 4régiment des chasseurs (4RCH) de Gap (Hautes-Alpes), le régiment blindé de la 27BIM.

Tous étaient membres du groupement de commandos montagne (GCM), l'unité d'élite des troupes alpines, à ce titre indissolublement attachés aux territoires alpins où ils vivent et s'entraînent : «Les sous-officiers des chasseurs alpins font toute leur carrière dans le même régiment, ce qui est rarissime dans l'armée», souligne Gérard Guerrier, écrivain et fin connaisseur des troupes de montagne. L'émotion est donc vive depuis la tragédie chez tous les chasseurs alpins et dans les villes où ils sont encore présents.

Des cérémonies ont ainsi été organisées à Annecy, Chambéry et Varces, mais c'est surtout à Gap que la population a été la plus affectée. Le 4e RCH, «le 4», installé à Gap depuis 1983, regroupe près de 650 militaires dont un grand nombre vivent avec leurs familles dans la ville ou aux alentours. Quatre des militaires tués au Mali avaient fait leurs premières armes et toute leur carrière au 4, l'un d'entre eux était un enfant du pays. Un lien fort au territoire et à sa population confirmé mardi par le colonel Nicolas de Chilly, le chef de corps du 4e RCH : «Un régiment, c'est une grande famille dans laquelle on inclut les conjoints et conjointes, les proches, les parents. Nous avons accueilli les familles endeuillées qui vivent dans le bassin gapençais dans notre salle d'honneur. Il est frappant de voir que dans ces moments-là, leur premier désir est de venir ici, pour partager un moment, échanger, être consolées, guidées, accompagnées et trouver la fraternité d'armes et l'amitié, a précisé le colonel. Nous avons en effet perdu quatre frères d'armes, mais aussi des amis. Romain, Valentin, Alexandre et Antoine étaient un peu les enfants du régiment.»

Mardi soir, le maire de Gap, Roger Didier, et la préfète des Hautes-Alpes, Cécile Bigot-Dekeyzer, leur ont à leur tour rendu hommage, devant l'hôtel de ville aux drapeaux en berne et plusieurs centaines de Gapençais, militaires, anciens militaires, proches des victimes ou simples citoyens, silencieux et émus. «J'avais reçu il y a quelques semaines l'ensemble des familles des militaires projetés à l'étranger, dont certains au Mali, a confié Roger Didier à Europe 1. Et aujourd'hui, nous apprenons que quatre d'entre eux ont payé de leur vie pour défendre leur pays. C'est une très, très grande émotion, la ville de Gap est en deuil. Nous perdons quatre des nôtres.»