«Nos enfants ne sont pas dangereux. Ils sont en danger !» écrivent dans une tribune dans Libération, un collectif d'habitants de Stains, une commune défavorisée au nord de Paris. Il organise ce vendredi et samedi les troisièmes états généraux de l'éducation des quartiers populaires. «Nous ne cessons de dénoncer les inégalités de fait et les discriminations subies et installées sur le plan économique, social et éducatif, et ce malgré les différentes politiques publiques de la ville qui se sont succédé depuis plusieurs décennies. Les dernières annonces du gouvernement ne sont clairement pas à la hauteur des problématiques existantes, notamment sur la question de l'éducation. Aussi, nous entendons […] interpeller le chef de l'Etat et les responsables politiques sur nos conditions d'existence et les inégalités territoriales dont nous subissons les effets tous les jours.»
Stains fait aussi partie des cinq villes de Seine-Saint-Denis où les élus envisagent de poursuivre l'Etat en justice pour «rupture d'égalité», pour alerter sur des difficultés sociales criantes et, dans le même temps, ce sentiment partagé d'un désengagement de l'Etat dans ses missions régaliennes (l'éducation, la sécurité et la justice).
«En classe, on voudrait des petits blonds à côté de nos enfants»
A l’occasion de ces états généraux, qui prennent la forme de tables rondes et de débats samedi, ce collectif d’habitants espère surtout remettre sur la table un sujet dont on a beaucoup parlé au cours du précédent quinquennat, mais depuis tombé aux oubliettes : la mixité sociale à l’école. C’était pourtant l’un des grands objectifs gravés dans l’article 1 de la loi de refondation de l’école de 2013. A la suite de la loi, des expérimentations avaient été lancées à l’échelle locale, avec l’ambition de faire du sur-mesure pour que ça marche…
Dans les terrains d'expérimentation, il y avait le quartier défavorisé du Petit Bard à Montpellier : au printemps 2015, des mères d'élèves excédées par l'absence de mixité dans l'école du quartier, avaient pris la parole d'une seule voix. Leur message était clair : «En classe, on voudrait des petits blonds à côté de nos enfants». Libération avait suivi et raconté le parcours de ces mères, déterminées et organisées, qui avaient fait le tour des plateaux télé… jusqu'à faire descendre à Montpellier deux conseillers de l'ancienne ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Dans les mois qui ont suivi, pour donner une nouvelle impulsion à leur action, elles avaient organisé les états généraux de l'éducation des quartiers populaires. Une deuxième édition a suivi à Créteil en 2018. Puis, aujourd'hui, à Stains.