Chacun des deux aurait dû faire autre chose que travailler. Franck Page, étudiant, est mort à 19 ans en livrant de la nourriture à domicile. Le soir du 17 janvier 2019, il est renversé par un poids lourd près de Bordeaux, alors qu’il réalise une course pour la plateforme Uber Eats. Son activité de livreur à vélo lui permettait d’améliorer l’ordinaire en complétant sa bourse étudiante. Deux semaines plus tôt, le 3 janvier, un ouvrier meurt en chutant du toit de la préfecture des Yvelines, à 68 ans, âge où nombre de travailleurs sont déjà à la retraite. Employé par une entreprise de sous-traitance à laquelle la préfecture recourait pour entretenir sa toiture, il n’avait pas d’équipement de protection. Ainsi a débuté 2019 : de janvier à novembre, 339 personnes sont décédées au travail. Tel est le bilan lourd et non exhaustif (1) établi par Matthieu Lépine, un professeur d’histoire qui gère le compte Twitter @DuAccident avec lequel il interpelle la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
«Sinistralité»
Publiés mercredi, les chiffres de la Sécurité sociale sont tout aussi alarmants : en 2018, le nombre d’accidents du travail a augmenté de près de 3 % par rapport à l’année passée. Il s’élève à 651 103, dont 551 accidents du travail mortels (contre 530 l’an passé). Le risq