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Dans les ministères, fais pas ci, fais Pisa

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Ignoré lors de son arrivée, en 2001, le classement est depuis devenu un outil de communication prisé par les politiques de tous bords… qui en font la lecture qui les  arrange.
Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, le 27 août à Paris. (Photo Albert Facelly)
publié le 2 décembre 2019 à 20h46

Il se souvient du jour comme si c'était hier. «Le 3 décembre 2013, je nous revois. Les résultats de Pisa tombent, ils confirment nos intuitions : le poids de l'origine sociale pèse beaucoup trop sur la réussite des élèves.» Jean-Paul Delahaye est alors à la tête de la Dgesco, l'administration centrale de l'éducation nationale. Un ministre de l'Education bis, en quelque sorte. Invité sur une matinale de radio pour commenter les résultats, son interview est déprogrammée au dernier moment. «Eh oui, parce que le 4 décembre 2013, raconte-t-il, une autre information a fait les gros titres : le président Hollande aurait été opéré de la prostate deux ans plus tôt… Cela résume très bien le Pisa choc à la française. Il ne dure que quelques heures.» Tout en disant cela, Jean-Paul Delahaye raconte aussi comment le classement a permis de légitimer la loi pour la refondation de l'école de Vincent Peillon, adoptée quelques mois plus tôt. «On s'est beaucoup appuyé sur Pisa 2009, qui montrait comme le nez au milieu de la figure à quel point notre système éducatif est organisé pour trier et sélectionner les élèves. Tout l'enjeu pour nous, c'était au contraire de faire vivre les résultats Pisa le plus longtemps possible.»

Rôle politique

Xavier Pons, chercheur en sciences de l’éducation, a beaucoup travaillé avec sa consœur Nathalie Mons sur la réception de l’enquête Pisa dans les médias. Et surtout sur la façon dont les politiques s’en saisissent. A ses débuts, Pisa n’a qu’