Actualisé à 13h30 avec évolution des blocages à La Rochelle et Brest.
Malgré le déblocage du dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, par les forces de l'ordre ce mardi matin, il va falloir sans doute encore s'armer un peu de patience avant de pouvoir s'approvisionner normalement en carburant en Bretagne et en Loire-Atlantique. Ce mardi matin les dépôts de Brest, Lorient et du Mans étaient toujours bloqués par des engins du BTP. Au total, près de 500 stations-service, selon une carte collaborative mise en ligne par le quotidien le Télégramme, sont à sec, obligeant les automobilistes à de longues files d'attente sur les rares stations encore ouvertes. Les professionnels mobilisés avec leurs engins sur les dépôts se sont dit déçus par une réunion qui s'est tenue lundi au ministère de l'Economie avec Bruno Le Maire. A la mi-journée, le blocage de La Rochelle était finalement levé, celui de Brest était en cours de déblocage et les artisans du BTP ont annoncé qu'ils lèveraient le camp au Mans dans la journée.
L'objet des hostilités ? Le projet de loi des finances pour 2020 qui prévoit la fin de l'exonération de la taxe du gazole non routier (GNR) dont bénéficient (entre autres) les entreprises de travaux publics. Une mesure qui s'appliquerait en 2022. «Alors que nous demandions que la mesure soit étalée sur dix ans et qu'on évite toute concurrence déloyale en incluant des entreprises d'autres secteurs qui peuvent faire des travaux publics, Bruno Le Maire nous l'a joué à l'envers en proposant simplement d'étendre la mesure fiscale dans la prochaine loi des finances aux engins du secteur agricole, sans même en informer les agriculteurs», a dit à Libération Norbert Guillou, représentant de la Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage (CNATP) dans le Morbihan, et l'un des porte-parole du mouvement.
Manifestement, pas question pour le gouvernement de revenir sur la suppression programmée de l’avantage fiscal consenti aux entreprises de BTP. Une mesure qui entraînera pour celles-ci une hausse du litre de gasoil de l’ordre de 55 centimes d’euros, ce qui représenterait une ponction de 10% sur leur chiffre d’affaires, a calculé Norbert Guillou, qui réclame l’arbitrage du Premier ministre, Edouard Philippe.
Si l'ensemble des professionnels du BTP redoutent de perdre leurs avantages sur le gasoil non routier, tous n'ont pas approuvé le choix des blocages. La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) a ainsi fait savoir dans un communiqué qu'elle déplorait à la fois une «très mauvaise mesure fiscale» et «de bien mauvais mouvements de blocage dont nous déplorons les effets sur l'ensemble des entreprises». La pénurie actuelle dans l'Ouest est aussi la conséquence de la précipitation avec laquelle nombre d'automobilistes, craignant des lendemains difficiles, se sont rués dès la fin de la semaine dernière et le démarrage des blocages à la pompe. Lundi, les préfectures du Finistère, du Morbihan et d'Ille-et-Vilaine ont réquisitionné une bonne trentaine de stations pour assurer la continuité des services d'urgence et prioritaires.