Nuit du 6 janvier 2018, 1 900 mètres d'altitude, station de Montgenèvre, tout près de la frontière franco-italienne. Il fait - 10 degrés. Pierre Mumber, 54 ans, maraudeur la nuit, gérant d'un gîte touristique et accompagnateur en montagne le jour, fait face à deux agents de la police aux frontières. A leurs pieds, une jeune Nigériane au regard perdu est affalée dans la neige, frigorifiée, à bout de forces. Elle vient de passer la frontière à pied. «Elle a besoin d'aide, il faut appeler les pompiers», soutient Pierre Mumber. Réplique agressive d'un policier : «C'est pas votre problème ! Vous n'êtes rien du tout, vous rentrez chez vous.» La scène est filmée par des journalistes italiens. Pierre Mumber s'agenouille, enveloppe avec douceur la jeune femme dans une couverture de survie. Il la porte jusqu'à la voiture des policiers, où il la dépose aux côtés de deux autres migrants interpellés. La voiture démarre, puis s'arrête, les deux Nigérians en sortent et s'éloignent. La jeune femme reste allongée sur la banquette arrière, apparemment inconsciente. Pierre Mumber se précipite et se penche vers elle. C'en est trop pour les policiers : dans leurs procès-verbaux, ils prétendront que le maraudeur a «ouvert la porte du véhicule et permis à deux migrants de s'enfuir», puis «tenté d'extraire la dernière personne restée à bord».
Après avoir refusé de visionner les rushs des journalistes, le tribunal de Gap l'avait condamné à trois mois de prison ave