Parmi les nombreux chantiers qui attendent le parti Les Républicains, celui-ci n'est pas le plus connu et pourtant pas le moindre. Lors du dernier conseil national du parti, samedi à Paris, plusieurs militants ont interpellé leur nouveau président, Christian Jacob, pour se plaindre de bugs à répétition dans le fichier informatique des adhérents LR. «J'ai des gens très en colère qui ont payé et pas reçu leur carte, a râlé une déléguée des Côtes-d'Armor. J'en ai même un qui a payé deux fois !» Un autre : «Depuis qu'il y a une entrée par canton dans ce fichier, rien ne marche !»
«Avoir sa carte, ça compte»
Un répertoire «en carafe», comme l'a reconnu le secrétaire général, Aurélien Pradié, ce n'est pas rien : pour un parti, le fichier est, à côté de l'argent, l'autre nerf de la guerre et des campagnes. L'outil permet non seulement de se compter, mais aussi de contacter et de mobiliser les militants. A LR, les ennuis ont commencé depuis «au moins dix-huit mois», a rapporté samedi Jacob devant les membres du conseil national. En tout cas, depuis que le parti a décidé de confier la gestion de ses données à un prestataire unique, entreprise dont les interlocuteurs de Libération n'ont pas souhaité préciser l'identité, mais qui a rapidement montré ses limites.
«En gros, on a eu deux types de problèmes, explique Fabien Di Filippo, secrétaire général adjoint en charge de la mobilisation et de la force militante. D'une part, l'exactitude des infos indiquées, avec par exemple des décalages dans les lignes qui faisaient que deux adhérents pouvaient se voir attribuer le même numéro ; ensuite, une explosion des délais de relance des adhérents et d'envoi des cartes, avec des attentes de huit ou neuf mois. Or, pour les gens qui sont encore là, avoir sa carte, ça compte.» Dans un mouvement ayant vu nombre de ses membres prendre leur distance, et s'efforçant de maintenir l'engagement des autres, l'enjeu n'est pas neutre.
«On sera opérationnels»
Remettre le système d'équerre fut donc l'une des premières décisions de Jacob après son élection à la tête du parti, mi-octobre. Le nouveau patron des Républicains «a décidé de cesser une bonne part des activités avec ce prestataire», a annoncé samedi Aurélien Pradié, promettant que «dès le début de l'année, les choses iront nettement mieux : au 1er janvier, on sera opérationnels comme on ne l'a pas été depuis longtemps». Peut-être même dès «le 15 décembre», a renchéri Jacob. Pas fâché d'apporter — elles ne sont pas si nombreuses — de bonnes nouvelles à ses troupes.