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Libération
Don Patrick de Levallois

LR se prépare à «tourner la page» Balkany

Le maire de Levallois, incarcéré, souhaite se représenter. Embarrassés, plusieurs responsables Les Républicains s'opposent à ce qu'il soit investi par le parti.
Patrick Balkany le 15 novembre 2017 à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), pour une réunion publique de Laurent Wauquiez. (Albert FACELLY/Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 5 décembre 2019 à 11h54

Balkany 2020 ? L’idée, curieusement, ne fait pas recette chez Les Républicains. Alors que le maire LR de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), condamné et emprisonné pour fraude fiscale, souhaite concourir aux prochaines municipales, plusieurs responsables de son mouvement l’ont appelé à y renoncer, et écarté l’idée que le parti puisse lui accorder son investiture.

Le maire de Levallois a été incarcéré mi-septembre à la prison de la Santé, après avoir été condamné à quatre ans de prison ferme pour fraude fiscale. Un mois plus tard, une nouvelle peine de cinq ans de prison ferme a été prononcée à son encontre, cette fois pour blanchiment. Son épouse Isabelle, désormais maire par intérim de Levallois, a été condamnée pour les mêmes faits, mais sans incarcération immédiate. Celle-ci a annoncé lundi soir à sa majorité municipale qu'il y aurait aux élections de mars 2020 «une liste Balkany, et que Patrick souhaite la conduire».

«Ami d’enfance»

Interrogé mercredi après-midi, le président de LR, Christian Jacob, n'a pas souhaité se prononcer sur un éventuel soutien de son parti à cette candidature. «J'ai toujours témoigné mon affection à Isabelle et Patrick Balkany dans une épreuve difficile pour eux, éludait-il déjà dans le Parisien vendredi dernier. Pour la suite, nous y travaillerons avec lui et la fédération des Hauts-de-Seine.»

Il est manifestement difficile, pour le patron de LR, de se désolidariser franchement de l'ancien député des Hauts-de-Seine, qu'il a longtemps fréquenté sur les bancs de l'Assemblée. Le détenu conserve en outre toute la sympathie de Nicolas Sarkozy : «Ce n'est certainement pas quand les gens sont dans la difficulté qu'il faut les abandonner», avait réagi l'ex-président après la première condamnation de Balkany, son «ami d'enfance». De quoi expliquer les prudences de Jacob, qui souhaite aussi préserver les chances d'une solution à l'amiable avec le maire de Levallois.

Ce dernier conserve en effet une déconcertante popularité dans sa commune : un récent sondage d’Aléa Opinion, commandé par le Modem, lui accordait 44 % des suffrages au premier tour. Un électorat que Les Républicains redoutent de braquer par une trop franche rupture de leur ancien champion local. Quand bien même le nom du sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi est souvent cité comme une possible alternative.

«Tourner la page»

Mais, soucieux de l'image de leur mouvement, plusieurs responsables LR ont plus franchement appelé à couper le cordon. «Chacun vote en son âme et conscience, mais il me semble que Les Républicains ne doivent pas donner l'investiture à Patrick Balkany s'il la demande», a jugé mercredi soir sur Twitter le député LR Julien Aubert, membre de la commission d'investiture, appelant à «tourner la page».

Le message lui a valu de nombreuses réactions hostiles de sympathisants du maire incarcéré, et une réponse de son épouse : «L'investiture n'est garante ni de la compétence des élus ni de leur ardeur à être au service des administrés», a rétorqué Isabelle Balkany, ajoutant ce «conseil de grand-mère : respirez un bon coup et dodo».

Balkany investi par LR ? «Je ne pense pas, soyons très honnêtes, avait déjà répondu mardi sur Europe 1 le secrétaire général du parti, Aurélien Pradié. Il y a ce que la loi permet de faire [Patrick Balkany reste éligible, ndlr] et ce que la morale devrait nous pousser à faire. C'est une autre époque, celle de M. Balkany […] Il y a des moments où les pages doivent sûrement se tourner.» Des mots déjà employés le 19 novembre par le député LR Eric Woerth : «Il y a des pages qui se tournent ; visiblement, une page est en train se tourner», avait jugé celui-ci, appelant Balkany à «tirer les conclusions de cela et ne pas se représenter». Interrogé par Libération, LR n'a pas indiqué à quelle date sa commission d'investiture tranchera le cas de Levallois.