Menu
Libération
Suites

A l'hôpital Necker, Martin Hirsch mis sur la sellette

Après la lettre de colère des chefs de services de Necker, Agnès Buzyn est venue ce matin à l'hôpital des enfants malades. Où elle s'est montrée très agacée par l'administration de l'AP-HP.
Martin Hirsh, président de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, en septembre 2018. (LUDOVIC MARIN/Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 6 décembre 2019 à 15h54

Depuis quelque temps, la tension était réelle. Mais depuis peu, les propos de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, à l’égard de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris dirigée par Martin Hirsch, sont devenus particulièrement rudes. Prélude à un divorce ou juste poussée de fièvre tant la situation est délicate ?

En tout cas, ce vendredi matin, Agnès Buzyn, bousculant son emploi du temps, s'est invitée à l'hôpital Necker-Enfants malades à Paris. Les raisons ? Elle avait reçu la veille au soir la lettre des chefs de service de cet hôpital de pointe parisien se révoltant contre la décision de lancer une enquête de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur les difficultés de la réanimation pédiatrique dans cet établissement.

Agacée par la gestion de l'AP-HP

Ce vendredi, à 10 h 30, lors de sa visite dans le service de réanimation, puis lors d'une rencontre avec les seuls chefs de service, demandant expressément aux administratifs de sortir, la ministre s'est alors montrée particulièrement agacée de la gestion de l'AP-HP, répétant à plusieurs reprises que «c'était un problème local».

Ainsi, un réanimateur d'expérience raconte : «Elle nous a dit que nos difficultés renvoyaient à un dysfonctionnement de l'administration de l'AP-HP, que c'était local et non pas national. Et elle s'est défendue. Disant qu'aujourd'hui, avec les mesures du gouvernement, il y avait tout ce qu'il fallait. Et qu'à ses yeux, il fallait surtout les appliquer.»

Réponse des participants : «On a besoin de lits supplémentaires pour faire face à l'épidémie de bronchiolite. Et les salaires du personnel soignant ne sont plus supportables.» La ministre répondant alors, que «300 euros d'augmentation, ce n'était pas possible».

«C'est toute la pédiatrie hospitalière qui est en crise»

Le professeur Rémi Salomon, qui pourrait devenir le prochain président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris, nous a confirmé la teneur de ses échanges. Et la tension qui s'en dégageait. «Nous avons longuement discuté, nous a-t-il dit. Je lui ai dit que c'était toute la pédiatrie hospitalière qui était en crise. Et que les mesures du gouvernement n'y répondaient pas.» Une nouvelle fois, selon plusieurs participants, Agnès Buzyn a repris l'énoncé des mesures. «A ses yeux, il était clair que l'administration n'assurait pas un suivi rapide, nous a expliqué encore un autre chef de service. La ministre connait bien Necker, c'est son hôpital [elle y a exercé en tant que médecin, ndrl]. Et la plupart des chefs de service actuels ont été internes avec elle. Face aux tensions du moment, aggravées par l'épidémie de bronchiolite, elle nous a rappelé qu'un plan avait été préparé mais qu'il n'était toujours pas en place.»

Mardi prochain, les médecins devraient appeler, lors d’une conférence de presse à de nouvelles actions.