Ils emploient tous cette même expression - «goutte d'eau» -, comme s'ils s'étaient concertés avant. Pourtant, ils ne se connaissent pas et évoluent dans des vies très différentes : prof de philo dans un gros lycée de ville moyenne, instit et directrice d'école plutôt préservées en plein Paris, profs en banlieue défavorisée, prof de maths dans une prépa d'un grand lycée parisien… On a appelé des enseignants tous azimuts pour comprendre pourquoi la mobilisation avait été si forte dans la profession le 5 décembre. Ils étaient 70 % de grévistes selon les syndicats, 45 % selon les calculs du ministère.
Un nouvel appel à la grève a été lancé dans l'éducation pour mardi, les profs se passant le mot de diverses façons : les canaux syndicaux classiques, bien sûr, mais pas uniquement. Car dans ce mouvement de colère - et c'est un signe inquiétant pour le gouvernement -, l'impulsion vient d'abord de la base, en dehors des syndicats. Ce qui traduit un malaise profond qui dépasse la question des retraites. Le ministère de l'Education nationale le constate à ses dépens. «Ce n'est pas compliqué à comprendre, s'enflamme Denis (1), prof à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Cette histoire des retraites fédère parce qu'elle traduit un sentiment que l'on partage tous, qu