Le service des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou (Paris XVe) est un univers à part, avec son jargon propre, son dédale de pièces sans fenêtres, et son ballet savamment orchestré de blouses vertes et blanches. Un monde parallèle où l'on parle d'«objectiver le patient», de «prendre les IPP de principe» (pour inhibiteurs de la pompe à protons) ou de «discuter avec les onco» (les oncologues). Un huis clos médical où le mot «grève» n'a pas tout à fait le même sens qu'ailleurs. Quand bien même elle s'impose hors de ces murs.
Vendredi matin, au deuxième jour de paralysie des transports collectifs parisiens, pas un médecin ne manquait à la réunion de «transmission», passage de relais des dossiers des malades entre les exténués de la nuit et la relève fraîche. Surtout pas les internes, dont le chef des urgences, le professeur Philippe Juvin, reconnaît que «pas un hôpital en France ne peut tourner sans». Son équipe en compte onze, soit un tiers de l'effectif médical du service. Des apprentis médecins appelés, comme 24 000 autres, par l'intersyndicale nationale des internes (Isni) à une grève illimitée et «dure» à compter de mardi…
Lors de la réunion de transmission, le 6 décembre.
Photo Corentin Fohlen pour Libération
Contrairement au 14 novembre, où tout le personnel hospitalier de Pompidou s'était mobilisé pour «sauver l'hôpital public», le mouvement est cette fois catégoriel. Il s'agit pour les inter