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. Aujourd’hui, six questions pour décrypter des enjeux environnementaux.
On s'en délecte lors des fêtes. On suit sa trace sur les chemins. On admire sa forme sur les peintures de Botticelli. Mais la coquille Saint-Jacques, c'est encore bien plus que cela. Elle renferme toutes sortes de secrets capables de nous renseigner sur les écosystèmes côtiers et, plus largement, sur l'environnement marin. Et même de nous alerter sur les dangers qui guettent notre planète. C'est ce qu'explique Laurent Chauvaud, directeur de recherche au CNRS qui les étudie depuis trente ans, dans son premier ouvrage paru en novembre et intitulé la Coquille Saint-Jacques, sentinelle de l'océan (éd. Equateurs). Entretien.
Comment s’est-on rendu compte que la coquille Saint-Jacques était un véritable objet d’étude scientifique et pas seulement un mets ? Par «sérendipidité», comme vous dites ?
Absolument. C'est le mot-clé. Il est important de rappeler que la recherche n'est pas une activité planifiée. Qu'elle peut être le fruit du hasard. Lors de mon doctorat, on nous a posé une question : «Comment se porte la rade de Brest ? Ainsi que son écosystème ?» Car les choses n'allaient pas très bien. On avait plusieurs hypothèses en tête pour expliquer l'état de santé de cet écosystème : les nitrates, les polluants métalliques, les espèces invasives, une oscillation naturelle… liste qu'il fallait élaguer. J'étais quotidiennement au contact des coquilles Saint-Jacques. Je les ai vues grandir et au cours de l'activité de mesure routinière, j'ai découvert qu'elles se paraient d'une strie de croissance, c