Soupir de soulagement au ministère de la Culture, à la mairie d’Ivry et au département du Val-de-Marne ? Jean-Pierre Baro a démissionné, avant que les tutelles du théâtre qu’il dirige n’aient eu à s’exprimer clairement - comme le milieu du spectacle vivant le leur demandait.
Le metteur en scène et directeur du Théâtre des quartiers d'Ivry a fait savoir par communiqué, jeudi, qu'il quittait ses fonctions «dans l'intérêt supérieur du théâtre», en ajoutant avoir «un très grand respect pour la libération de la parole des femmes et pour leur combat. C'est une cause essentielle. Mais elle est ici dévoyée et se transforme en un lynchage public fait de rumeurs et de délation».
Depuis un an, l’équipe du théâtre vivait dans une situation inextricable et une ambiance détériorée. En juin 2018, la vingtaine de permanents de ce centre dramatique national, fondé par Antoine Vitez en 1970, apprenait la nomination de Jean-Pierre Baro. Puis était avertie, en décembre, que leur nouveau directeur était visé par une plainte pour viol.
L'affaire a été classée sans suite en mars, mais un post de blog hébergé par Mediapart et rédigé par le critique de théâtre (ancien collaborateur de Libération) Jean-Pierre Thibaudat venait relayer quelques mois plus tard d'autres accusations graves - du «harcèlement» - à l'encontre de Baro. La charge étant publiée sans contradictoire, l'accusé a attaqué Jean-Pierre Thibaudat, Edwy Plenel et Mediapart pour «non-respect de la présomption d'innocence». Débouté, Baro a fait appel.