Enseignant à Sciences-Po, Xavier Desmaison est le PDG du cabinet de conseil en communication Antidox. Avec Guillaume Jubin, il vient de cosigner le Bûcher des vérités (Hermann, 2019). Il revient sur la communication gouvernementale entourant le projet de réforme des retraites et la difficulté de répondre individuellement à des craintes collectives.
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Qu’avez-vous pensé de la prise de parole du Premier ministre mercredi ?
A mon sens, plusieurs sujets brouillent la communication du gouvernement. D'abord, il semble poursuivre deux grands objectifs à travers cette réforme des retraites : l'instauration d'un système universel et l'équilibre des finances publiques. Cela crée une forme de dissonance pour certains. Or pour réussir à emporter la conviction aujourd'hui, il faut parler très fort et très simple. Nous sommes entrés dans une ère de la radicalité, qui hante les imaginaires collectifs, à tous les niveaux. Peut-on résumer l'intervention du Premier ministre en une phrase ? Non. La seule chose très claire est la plus épidermique : la création d'un «âge d'équilibre» à 64 ans pour toucher une retraite à taux plein. L'autre élément qui émerge de cette séquence, c'est la réaction de la CFDT, très forte, très simple : «La ligne rouge est franchie.» Cette formule contraste avec le flou qui a entouré la prise de parole d'Edouard Philippe.
En quoi le gouvernement manque-t-il de clarté ?
Au cœur de ce débat il y a une forte demande de reconnaissance des individus, comm