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Transparence

HATPV : une Autorité provisoirement sans tête

Pressenti pour succéder à Jean-Louis Nadal à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, l’ex-député PS Didier Migaud serait déjà fragilisé.
Le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, arrive à l'Elysée, le 4 février. (CHRISTOPHE PETIT TESSON/Photo Christophe Petit Tesson. AFP)
publié le 18 décembre 2019 à 20h56

Depuis mercredi soir minuit, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) n’a plus de président. Un entre-deux fâcheux qui pourrait durer quelques semaines, puisqu’une fois que l’exécutif aura enfin désigné son candidat, la nomination devra être validée par le Parlement, qui s’apprête à suspendre ses travaux vendredi soir - retour prévu le 7 janvier. Mais pour l’instant, aucune fumée blanche n’est venue de l’Elysée. Le nom du successeur de Jean-Louis Nadal, qui dirigeait la HATVP depuis sa création en 2013, a fuité dans la presse, mais sans confirmation officielle pour sanctionner l’entrée en lice de Didier Migaud, l’actuel président de la Cour des comptes. «Certes, c’est un profil politique, mais votre personnalité compte plus que votre formation», analyse Eva Joly, ex-magistrate spécialiste des dossiers financiers.

Député socialiste de l’Isère de 1988 à 2010, Didier Migaud avait été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy, tout à sa stratégie d’ouverture à gauche. Son nom avait déjà circulé au début de l’année pour intégrer le Conseil constitutionnel, dirigé par celui qui fut son mentor en politique, Laurent Fabius. Alimenté à coups d’articles de presse, ce jeu de chaises musicales faisait ainsi atterrir Pierre Moscovici, en partance de Bruxelles, dans le siège de Migaud à la Cour des comptes avant qu’Alain Juppé, Jacques Mézard et François Pillet ne soient finalement nommés.

Pour ce qui est de la HATVP, «rien n'est fait», confirmait mercredi un conseiller élyséen. Sans pour autant préciser si cela signifie qu'il y a d'autres candidatures dans la course ou si celle de Migaud a du plomb dans l'aile. Car selon le Canard enchaîné, qui cite «plusieurs sources gouvernementales», les prétentions salariales de ce dernier compliqueraient les choses. A la tête de la Cour des comptes, Migaud touche actuellement un salaire de 14 500 euros et dispose de nombreux avantages en nature. Le job de président de la HATVP n'est, lui, rémunéré «que» 7 033 euros par mois. En toute transparence.