Menu
Libération
Deuxième round

Les Balkany renoncent à la mairie après de lourdes réquisitions dans le procès pour fraudes fiscales

Après deux jours d'audience devant la cour d'appel de Paris, les réquisitions, lourdes, sont tombées dans le procès pour fraude fiscale du couple Balkany, ce mercredi. Les époux annoncent renoncer à leur candidature à la mairie de Levallois-Perret.
Les époux Balkany à la mairie de Levallois-Perret, en avril. (Photo Stéphane de Sakutin. AFP)
publié le 18 décembre 2019 à 17h34

«Exécution provisoire.» C'est l'ultime coup de fusil délivré par le parquet général, ce mercredi matin au terme du procès en appel des époux Balkany pour fraude fiscale. Sans surprise, l'accusation aura demandé confirmation de la peine de quatre ans de prison ferme (avec mandat de dépôt) infligée en première instance à Patrick, 71 ans, incarcéré depuis le 13 septembre à la prison de la Santé et hospitalisé depuis jeudi pour une occlusion intestinale.

Plus durement, il réclame également du ferme contre Isabelle (quatre ans dont deux avec sursis), elle qui avait été relativement épargnée jusqu'ici. Manifestement remise de sa tentative de suicide avant le premier procès, qui avait pu émouvoir un temps la justice française, elle aura comparu sûre d'elle-même, et maire consort de Levallois-Perret à la place de son époux momentanément embastillé, coupant la chique aux opposants locaux. Twitteuse en diable, elle n'a pas craint de se montrer provocante à la barre : «Je n'ai jamais rempli une feuille d'impôt.»

Fraude fiscale massive

Mais en requérant une «exécution provisoire», le parquet entend surtout leur interdire de se représenter aux prochaines élections municipales. La problématique est désormais bien connue : même condamné à de la prison en première instance, avec mandat de dépôt à la barre, le maire sortant n'est toujours pas définitivement condamné, les appels ou pourvois en cassation permettant de reculer l'échéance finale. Et même du fond de sa cellule, il peut se présenter et se faire réélire par son fan-club local. Reste la peine complémentaire d'inéligibilité (dix ans) : c'est là où la demande d'exécution provisoire prend tout son sens. Hasard plus ou moins malicieux du calendrier, la cour d'appel rendra son arrêt le 4 mars, soit onze jours avant le premier tour… Suspense insoutenable.

La défense des Balkany a très vite saisi l'enjeu, en réplique au réquisitoire, justifiant cette double peine par une «fraude fiscale massive, assumée, confinant à l'arrogance, par des personnes choisies par le suffrage universel». Me Pierre-Olivier Sur, avocat de Mme : «Ne donnez pas le signal que la justice se mêle de politique.» Me Benjamin Dieudonné, pour M. : «L'exécution provisoire, c'est une forme de mort sociale.» Patrick Balkany l'avait admis lors de l'audience en première instance : quand un homme politique s'arrête, il meurt.

À la fin de la journée, dans un communiqué, le couple renonce à se présenter aux prochaines municipales. «Le suffrage universel des citoyens français et des électeurs Levalloisiens est volontairement confisqué par la justice», écrivent-ils.