Depuis le temps qu'on l'attendait ce plan pour refonder les urgences… Mais soyons honnêtes, il n'est pas si mal que cela, étant une bonne synthèse des propositions émises de-ci de-là. Ce vendredi, a donc été rendu public le rapport pour bâtir un «plan de refondation des urgences», travail commandé il y a six mois par la ministre de la Santé à Pierre Carli, responsable du Samu parisien et au député LREM Thomas Mesnier, lui-même médecin urgentiste. Ce rapport propose, entre autres, la mise en place d'un numéro unique : le 113. Ce numéro serait disponible partout en France, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept.
Déserts médicaux
«De bonnes choses, mais le problème, c'est qu'il n'y a pas un sou», réagit le docteur Jacques Battistoni, président de MG France, «et de ce fait la réorganisation des urgences, avec la création d'un SAS (un service d'accès aux soins), ne nous paraît pas jouable. Nous, on se met en retrait. On ne veut pas participer à un simple jeu d'annonces». Opinion partagée par l'autre syndicat la CSMF (Confédération des syndicats de médecins de France). Et on peut la comprendre, car soit c'est une priorité gouvernementale, soit c'est un énième plan. Car la crise dans les services d'urgences est connue, disséquée. Elle dure depuis des années, et pas seulement depuis le mouvement du printemps. En cause ? Bien sûr l'engorgement de ces services, mais aussi l'absence de réponse de la médecine libérale, la fermeture des lits dans les hôpitaux, sans oublier ces déserts médicaux qui contraignent les patients à se rendre dans les lieux seuls ouverts, à savoir les urgences hospitalières. C'est toute la chaîne de prise en charge qui est en cause.
Parmi les solutions recommandées dans ce rapport, la mise en place d'un numéro unique : le 113. Ce numéro sera disponible partout en France vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. «On laisserait la police et les pompiers avec un numéro dédié sur le secours, parce que ce n'est pas la même chose quand il y a un feu à la maison, un cambriolage, ou un problème de santé. Par contre, pour tous les problèmes de santé, il y aurait le 113, a expliqué le député Thomas Mesnier. Vous appelez et vous tombez sur un assistant de régulation qui juge si c'est quelque chose qui relève du Samu, ou de la médecine générale. Arrive ensuite la personne la plus adaptée pour répondre à votre problème.» Pourquoi pas ? Mais ce n'est que le point de départ. «Le problème, c'est qu'après un premier tri, il faut une plateforme téléphonique, reliée à une communauté professionnelle territoriale de santé ou à plusieurs communautés. C'est une mission supplémentaire que l'on nous demande, et là, il n'y a pas de financement, nous a dit la ministre. Pour nous, c'est non», insiste le docteur Battistoni.
Procédures d’admission
Le rapport préconise, au total, 28 recommandations. Avec donc cette mise en place «dans tous les territoires d'un service d'accès aux soins (SAS) pour répondre à toute heure à la demande de soins». De façon pragmatique, les deux auteurs insistent sur des mesures concernant les patients âgés, comme la mise en place de procédures d'admissions directes pour les personnes âgées, mais aussi la possibilité de «donner aux Agences régionales de santé les moyens d'organiser d'ici 2020 une généralisation de la présence d'infirmiers en EHPAD la nuit, sous forme d'une mutualisation entre Ehpad», pour éviter les hospitalisations inutiles. Sur le principe, tout cela va dans le bon sens. Comme la mise en place d'infirmières ayant la possibilité de faire des actes, normalement réservés aux médecins. Reste donc la mise en route. Et l'argent qui l'accompagne. Les arbitrages seront rendus «dès janvier 2020», dit-on au ministère de la Santé.