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Libération

Sarkozy avait-il acheté les mots «racaille» ou «banlieue» sur Google, lors des émeutes de 2005 ?

publié le 20 décembre 2019 à 20h11

L'UMP a été un parti politique précurseur en France dans un domaine inattendu : l'achat d'espaces publicitaires sur Google. Fin 2005, la formation de droite avait ainsi payé le géant américain pour mettre en avant une pétition de soutien à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. Dans le contexte des émeutes de 2005, les internautes voyaient la pub à chaque recherche comprenant les mots-clés «violence», «banlieue», «voitures brûlées», mais aussi «racaille», «gauchiste» ou «voyou». Face à la polémique, l'UMP avait finalement retiré ses publicités de certains mots-clés. Le parti n'a pourtant pas arrêté d'acheter des mots-clés, en payant par exemple pour faire de la publicité sur la requête «service minimal» pendant une grève de la SNCF, ou pour les recherches sur les candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2007. Aujourd'hui, la pratique est encadrée : le code électoral interdit «tout procédé de publicité commerciale» pendant les six mois qui précèdent une élection.

L'histoire refait surface car elle perdure aux Etats-Unis : Michael Bloomberg, milliardaire et candidat à l'investiture démocrate, mise beaucoup sur Google. Certains internautes américains voient ainsi apparaître en tête de page un lien vers son site de campagne lorsqu'ils tapent «crise climatique» ou des centaines d'autres expressions équivalentes sur le moteur de recherche. Ce qui ne veut pas dire que les internautes ne voient que ça : l'«achat» d'un mot-clé via la plateforme de publicité Google Ads permet simplement d'occuper un espace publicitaire en haut de la page. Il ne permet en aucun cas d'influencer les résultats de la recherche qui se trouvent en dessous. Problème : la distinction entre publicité et résultats naturels a été brouillée par Google sur le plan visuel. Alors qu'elles étaient clairement identifiables grâce à un fond de couleur ou une place distincte en haut à droite, les publicités sur Google sont désormais difficiles à distinguer des résultats naturels : elles figurent au-dessus des résultats, ont exactement la même forme et sont simplement différenciées par une toute petite mention «Annonce» (ou «Ad» en anglais).