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Libération

Une femme a-t-elle écopé de dix-sept mois de prison ferme pour avoir filmé des policiers ?

publié le 20 décembre 2019 à 20h11

«Amélie, 21 ans, emprisonnée pour avoir filmé des policiers !» clamait le site Nantes Révoltée, le 16 décembre, décrivant «une répression de nature dictatoriale». De quoi parle-t-on exactement ? D'une femme de 21 ans, Amélie, étudiante en ergothérapie, domiciliée à Guyancourt (Yvelines), et qui a été condamnée le 4 décembre à Versailles à dix-sept mois de prison pour «violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique». Ce n'est pas sa première apparition dans les médias français. Mais jusque-là, on la connaissait davantage sous le pseudonyme de «Marie-Acab-land», qu'elle utilisait sur les réseaux sociaux. Pseudo qui trouve son origine dans l'acronyme du slogan antipolicier «All Cops Are Bastards», «Tous les flics sont des salauds» en français.

Que postait la jeune femme sur ses différents comptes Facebook, avant qu'ils ne soient supprimés ? Des photos de policiers qu'elle suivait depuis plusieurs mois, en les attendant devant leur commissariat. Ce que confirme son avocat, maître David Bitboul. Contacté par Libé, il raconte que sa cliente «estime qu'elle a été extrêmement maltraitée, en étant frappée à plusieurs reprises par les forces de l'ordre lorsqu'elle défendait la cause animale, lors de plusieurs manifestations. Depuis, elle nourrit une grande méfiance à l'égard des policiers.» Après ses photos, plusieurs fonctionnaires des commissariats de Guyancourt et de Versailles se sont vu prescrire une ITT de plusieurs jours, liée à une «incapacité psychologique», permettant au tribunal de qualifier ces faits en violence sur personne dépositaire de l'autorité publique. La jeune femme, fichée S et dont l'identité est connue des services policiers, avait déjà été interpellée à plusieurs reprises ces derniers mois, à Toulouse ou à Paris, lors de différentes manifestations. A Toulouse, elle avait été condamnée à de la prison avec sursis pour violence et outrages. Elle fera appel pour cela. Pour sa condamnation à dix-sept mois de prison également.