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Libération
Libé des animaux

Recherche agronomique : l’abominable homme des gènes

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Depuis quelques dizaines d’années, les laboratoires façonnent les bêtes d’élevage plus qu’ils ne l’avaient jamais fait. «Libération» revient sur la création de ces machines à produire, véritables monstruosités et aberrations éthiques.
Chaque portée des truies compte en moyenne 3,5 porcelets vivants de plus qu’en 1970. (Photo Ullstein Bild. Getty Images)
par Sarah Finger, Correspondante à Montpellier
publié le 23 décembre 2019 à 17h21

Des «vaches à hublot» : en juin, les Français découvraient ces animaux au flanc percé d’un gros trou recouvert d’un hublot offrant un accès direct à leur estomac. L’association L214, qui révélait ces images tournées dans un centre expérimental appartenant à une filiale du groupe Avril, expliquait que chaque jour, des techniciens ouvraient ces hublots, introduisaient le bras dans le corps de la vache pour y effectuer des prélèvements et suivre sa digestion. Objectif : booster la productivité de ces animaux via leur alimentation.

Depuis les années 60, la recherche agronomique a façonné l'animal pour mieux servir l'homme. Un rapport de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) résume parfaitement ce phénomène : «En laboratoire, les zootechniciens ont "démonté" la machine animale et décrit les dispositifs de contrôle du métabolisme, de la croissance, de la production et de la reproduction», mobilisant «tout un éventail de disciplines scientifiques» (1). Les animaux d'élevage sont ainsi devenus, note ce rapport, des machines «à haut rendement». En 1970, déjà, un documentaire sur les vaches à hublot évoquait des «usines vivantes» : il fallait, disait-on, «forcer et accélérer la capacité des bœufs à produire de la viande». Un demi-siècle plus tard, on parle de «rendement de carcasse» ou de centres d'insémination artificielle («CIA») : le discours est plus technique, mais l'objectif est identique. Et en sélectionnant