Et si nos compagnons à quatre pattes avaient leur rôle à jouer dans la transition écologique ? Un chercheur de l'Université de Californie a estimé qu'aux Etats-Unis, les chiens et les chats consomment un quart des calories d'origine animale. Ce qui n'est pas forcément synonyme de bonne chère : souvent, croquettes et pâtées industrielles contiennent surtout des «sous-produits animaux», des parties jugées impropres à la consommation humaine (abats, peau mais aussi plumes et becs d'oiseau !) Si bien que le problème de la pet food - par ailleurs bourrée d'additifs, colorants et sucres - est aussi un enjeu de santé. Elle favorise l'apparition de maladies et le surpoids, qui touche déjà un tiers des chats et des chiens français.
D’où l’idée, qui commence à faire son chemin, de troquer les croquettes contre des alternatives aux insectes. Après tout, ils en chassent déjà dans la nature. Les chiffres sont parlants : l’entomoculture émet cent fois moins de gaz à effet de serre et nécessite douze fois moins de ressources pour obtenir un kilo de protéines que le bétail.
«Les insectes contiennent deux fois plus de protéines que dans la même quantité de bœuf ou de poulet. Ce sont les mêmes protéines que dans la viande. C'est la seule alternative adaptée à leur digestion et besoins nutritionnels», affirme Basile Laigre, qui a lancé Reglo, une marque de croquettes pour chiens à base d'insectes. Plus précisément de larves de mouche soldat noire élevées en France, qui ont l'avantage de se nourrir de déchets alimentaires.
Autorisée par la réglementation européenne depuis 2017, l’alimentation à base d’insectes pour les animaux de compagnie a inspiré une poignée d’autres start-up qui se sont placées sur le créneau de la croquette écoresponsable. Même les leaders du marché, Purina (Nestlé) et Royal Canin, ont lancé des programmes de recherche. Et l’alternative bénéficie déjà de l’aval des spécialistes : interrogée par la BBC, la British Veterinary Association a affirmé qu’il valait mieux donner des croquettes aux insectes qu’un steak à son animal de compagnie.
Reste le blocage psychologique. «Les gens sont tellement proches de leurs animaux qu'ils leur attribuent les mêmes goûts qu'eux. Ils veulent leur donner des croquettes à l'agneau, au saumon…» soupire Basile Laigre. Pour le prouver, il a mené des sessions de dégustation pour les toutous, qui n'ont pas fait la fine bouche. Il envisage d'étendre sa gamme aux chats puis aux humains. Histoire de faire sauter nos a priori en douceur.