L'hôtel meublé, le «garni», la chambre au mois ou à la semaine, la taulière qui réclame son oseille, le locataire qui file à la cloche de bois… La littérature et les films sont remplis de ces situations romanesques. De fait, pendant longtemps, l'hôtel a été la première étape des travailleurs migrants, des provinciaux débarqués à Paris, voire des artistes. «L'hôtellerie économique a joué le rôle d'un amortisseur dans les périodes de manque de logement», écrit Catherine Sabbah dans le catalogue de l'exposition. Mais voilà : «Cette soupape de sécurité s'est transformée en réservoir permanent.» Près de 15 % des chambres d'hôtel servent à loger des étrangers en attente d'un statut, des jeunes en rupture ou en errance, des précaires. L'hôtel meublé était un tremplin, il est devenu «une nasse». L'Ile-de-France compte autant de places en hôtels qu'en centres d'hébergement (40 000). «Le service proposé par ce parc hôtelier extensible en fonction des besoins n'est pas adapté mais il est irremplaçable et représente à la fois une solution et un problème», écrit encore Catherine Sabbah. La solution est surtout pour les propriétaires de ces hôtels sans étoile, sans remise aux normes et sans ménage ou presque (17 à 23 euros par personne et par nuit réglés par l'Etat, 200 millions par an). La bonne affaire.
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