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Agriculture

Dans le Nord, qui s’y frite s’y pique

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De grandes exploitations de patates détenues par des intérêts belges ou néerlandais s’implantent en Avesnois. Cette agriculture gourmande en hectares et aspergée de pesticides inquiète maires et habitants, qui tentent d’enrayer le phénomène.
Les pommes de terre ne peuvent pas être replantées dans le même champ d’une année sur l’autre, il faut attendre entre quatre et six ans pour les y remettre. (Photo Hugo Clarence Janody)
par Stéphanie Maurice, envoyée spéciale en Avesnois
publié le 26 décembre 2019 à 20h01

Patates contre vaches, labour contre bocage. En Avesnois, une campagne du Nord, frontalière avec la Belgique, se joue une bataille symptomatique des enjeux de la transition écologique en cours. Version paysanne ou industrielle, il faudra choisir. En mai, six maires, à Trélon, Anor, Ohain, Moustier-en-Fagne, Wignehies et Baives, se révoltent. Ils prennent des arrêtés antipesticides, avant même la commune bretonne de Langouët. Dans leur viseur, un agriculteur néerlandais, aux pratiques agricoles intensives.

A Anor, les parents d'élèves se sont alarmés dès le mois de mars : à moins de 100 mètres de la maternelle les P'tits Loups, une prairie est retournée, des pommes de terre y sont plantées, avec pulvérisation de produits phytosanitaires quand les enfants jouent dans la cour de récré. Alerté par les habitants de son village, Alain Rattez, le maire d'Ohain, explique : «La patate, c'est ce qui demande le plus de traitements, me disent les agriculteurs.» Après chaque averse, un fongicide est pulvérisé, pour prévenir le mildiou, un champignon qui abîme la récolte. «Ici, ce sont traditionnellement des prairies, on a beaucoup de pluie, ça favorise la pousse de l'herbe. Ce ne sont pas des terres de culture», précise-t-il.

Photo Hugo Clarence Janody pour Libération

Haie ratiboisée

L'Avesnois est connu pour son lait et son fromage, le maroilles, et a gardé un paysage de bocages, haies de noisetiers ou de charmes, qui lui vaut d'être classé parc naturel régional. «Mais il y a trois a