Le homard est un crustacé aux pinces coupantes et dissymétriques qui a coupé les jarrets à François de Rugy et l’a éjecté du ministère de la Transition écologique. Cuit à l’étouffée, le bestiau orangé et quelques-uns de ses frères de misère plastronnaient sur un plat d’argent sous les plafonds dorés de l’hôtel de Lassay. La révélation photographique, le 10 juillet, de ces agapes assez fréquentes, mais un rien fastueuses, a fracassé la carapace pas si cuirassée de l’écolo rallié à Macron.
Avec cette délectation dans l'acharnement que Mediapart met à feuilletonner ses révélations, François de Rugy a dû s'expliquer sur ses travaux de décoration, sur une location nantaise ou sur ses déductions d'impôts. Rien d'illégal, mais cette mise à nu d'une manière d'être et de façons de faire a torpillé la crédibilité du successeur de Nicolas Hulot. Et celui qui occupait un poste crucial pour faire reverdir la politique gouvernementale a dû en rabattre et démissionner, le 16 juillet, après six jours de révélations en cascade, signe que la frugalité, sinon l'abstinence ostentatoire sont désormais de saison.