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Libération
Éditorial

Statu quo

publié le 27 décembre 2019 à 20h51

Décidément, les fins d’année ne réussissent pas à Emmanuel Macron. Englué l’an dernier à pareille époque dans la crise des gilets jaunes, le chef de l’Etat est aujourd’hui retranché au fort de Brégançon, multipliant sans doute les incantations pour faire basculer l’opinion publique en sa faveur sur l’épineuse question de la réforme des retraites. La partie s’annonce d’autant plus serrée que tout est bloqué. Les trains (un peu), les métros et RER (beaucoup) comme les négociations (non, non, il n’y a pas de passionnément). Monté en première ligne pour défendre cet âge pivot qu’il a rajouté dans le paquet cadeau et qui a ulcéré les syndicats réformistes, le Premier ministre est aux abonnés absents après avoir annoncé que les partenaires sociaux seraient reçus le… 7 janvier à Matignon. Résultat, le patron de la CFDT, Laurent Berger, qui était prêt au dialogue et aux concessions, a claqué la porte et disparu, laissant son homologue de la CGT, Philippe Martinez, occuper sites bloqués et scène médiatique. Une situation ubuesque dont on ne voit guère l’issue, chacun ayant beaucoup à perdre à sortir du statu quo. S’ils font trop de concessions, Macron et Philippe s’aliéneront l’électorat de droite, au-delà du noyau LREM. S’il cale, Martinez verra fondre comme neige au soleil ce regain de notoriété dont il bénéficie depuis le début de ces grèves, lui qui ne parvenait plus à mobiliser les foules. Et il n’est pas dit que sa base (ni celles des autres syndicats) accepte le moindre compromis, ce qui nous promet un mois de janvier agité. Quoi qu’il en dise, le gouvernement - et Macron derrière lui - joue le pourrissement, lâchant des concessions ici ou là pour décrocher telle ou telle corporation de la grève, détricotant ainsi une réforme qui partait d’une bonne idée (l’universalité, l’égalité) mais qui, à force d’erreurs, est devenue un gros gloubiboulga.