Menu
Libération
Interview

Cécile Duflot : «Il y a cent ans, vu mon caractère, j’aurais fini à l'asile»

Article réservé aux abonnés
Deux ans après avoir quitté la politique sans regret, l’écolo Cécile Duflot raconte une ancienne vie où, malgré les réussites, elle s’est confrontée au sexisme et a dû s’imposer pour se faire respecter.
Lors du Festival des idées, à La Charité-sur-Loire (Nièvre), le 6 juillet. (Photo Denis Allard)
publié le 2 janvier 2020 à 18h01

Directrice générale d'Oxfam France depuis juin 2018, l'ancienne dirigeante écologiste et ministre du Logement revient sur ses années politiques aux côtés des «pénibles», les amitiés parfois inattendues que la vie d'élue procure et le sexisme contre lequel les femmes se battent toujours pied à pied.

Cela fait deux ans que vous n’êtes plus en politique. Qu’est-ce qui vous manque ?

Rien.

On était sûr que vous diriez ça…

Ce n'est pas une formule. Je suis allée au bout du truc et j'ai énormément donné. Ce qui pourrait me manquer, c'est la possibilité d'agir concrètement, cette facilité, quand j'étais ministre, de se dire que certaines choses seraient aisées à faire parce qu'on a les clés. Mes équipes aussi me manquent souvent. Mais j'ai tellement défendu le non-cumul dans le temps, le fait que la politique n'est pas un métier, que je suis contente d'être fidèle à moi-même. Et puis les gens ne s'y attendaient tellement pas. Franchement, mon meilleur «coup» politique, c'est cette interview [en avril 2018 au Monde, ndlr] où je dis que j'arrête la politique.

Votre défaite à la primaire d’EE-LV en 2016 vous a aussi aidée…

J’ai perdu comme Noël Mamère a perdu la primaire en 2001, comme Nicolas Hulot ou Dominique Voynet. Les Verts désignent comme candidat à la présidentielle la personne la moins attendue. J’étais donc prévenue mais j’avais sans doute le sentiment de tellement devoir à cette famille politique que j’avais besoin qu’on me dégage pour me sentir libérée.

Quelle est la chose dont vous êtes la plus fière ?

La séquence 2009-2012. En 2007, les écolos font 1,57 % à la présidentielle. On est tellement en faillite qu’on ne peut même plus payer le plombier et qu’on met des seaux sous les fuites