Une séance de vœux en forme de bilan. Dans son allocution du 31 décembre, Emmanuel Macron a énuméré «les premiers résultats de l'effort de transformation engagé depuis deux ans et demi», parmi lesquels «des usines qui rouvrent et permettent à des territoires en difficulté de renouer avec l'espoir».
Premier point : le chef de l'Etat évoque-t-il des cas précis de réouverture d'usines dont les portes avaient fermé dans le passé ou plutôt une tendance favorable à la réindustrialisation ? «L'idée première n'était pas spécifiquement de citer la réouverture d'usines qui avaient fermé, mais plutôt de pointer les nouvelles dynamiques en faveur de l'investissement, les usines créées dernièrement et les nouveaux emplois industriels», détaille l'Elysée auprès de CheckNews.
Il existe en effet peu de cas d'usines fermées ayant rouvert dernièrement. Globalement, cependant, des observateurs notent une (légère) embellie dans le secteur industriel en France. L'Usine nouvelle recense en 2018 davantage de créations et d'extensions de sites (104) que de fermetures ou d'annonces de fermeture (42). Une tendance observée dès 2017, notamment dans l'industrie alimentaire. Côté embauches, 28 000 emplois ont été créés dans le secteur industriel depuis mi-2017, selon l'Insee. Même si l'intérim a chuté de 14 700 emplois sur la même période, ramenant les créations nettes d'emploi dans l'industrie à 13 300 en deux ans. Une évolution réelle donc, mais ténue.
Pour Anaïs Voy-Gillis, doctorante à l'Institut français de géopolitique, «il est vrai qu'après quarante ans de désindustrialisation, nous sommes dans une tendance positive d'investissement dans l'outil productif. Mais il y a plus d'extensions d'usines que de créations à proprement parler, à cause notamment de contraintes administratives qui restent très longues». Preuve d'une situation peu installée, des divergences apparaissent déjà sur le bilan 2019. Pour l'Usine nouvelle, le solde de créations d'usines est positif, tandis que David Cousquer, de Trendeo, recense 105 ouvertures de sites contre 119 fermetures. «Il y a une forte mobilisation des industriels et du gouvernement pour remonter la pente. Les éléments positifs sont nombreux mais la reprise industrielle est fragile», précise-t-il.