«La société progressera à condition de faire respecter la paternité» : voilà un des slogans apparus sur une campagne d'affichage récemment déployée dans les gares parisiennes et épinglée sur les réseaux sociaux. Ce qui coince ? L'opération publicitaire émane du mouvement ultraconservateur Alliance Vita, hostile à l'avortement et à la PMA pour toutes. Ces affiches surgissent quelques jours avant que l'examen du projet de loi de bioéthique, qui prévoit notamment l'ouverture des techniques de procréation médicalement assistée à toutes les femmes et l'autoconservation des ovocytes, en séance publique au Sénat.
L'opération a suscité des réactions ulcérées, jusqu'à la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a demandé le retrait immédiat des affiches. Cet appel semble avoir été entendu, puisque Mediatransports, la régie qui gère les affichages de la SNCF et de la RATP, a fait savoir son intention de faire retirer les visuels évoquant la paternité et la maternité. Jeudi soir, Valérie Décamp, directrice générale de Mediatransports, arguait que «les dysfonctionnements liés aux grèves expliquent cette présence non conforme à nos principes de neutralité». La régie rappelle son attachement à la liberté d'expression, mais aussi «au principe de neutralité, en évitant toute forme de militantisme dans le contenu des communications». Joint par Libération, Tugdual Derville, délégué général d'Alliance Vita, assure qu'une autre régie publicitaire l'a informé du retrait de la campagne. Il a annoncé son intention de saisir la justice en référé. «Je veux bien qu'on ne soit pas d'accord avec nous, mais le caractère expéditif de cette police de la pensée […] me paraît inquiétant pour tous ceux qui se disent attachés à l'esprit Charlie», s'emporte-t-il, ajoutant ne pas être convaincu par l'argument de la neutralité avancé par Mediatransports.