C'est le paradoxe de cette rentrée : la grève contre la réforme des retraites dépasse tous les records de durée, puisqu'elle est entrée ce week-end dans son deuxième mois, et en même temps, vacances et semblant de trêve obligent, le sentiment que tout redémarre à zéro domine. C'est en tout cas un deuxième round qui commence ce lundi, presque un match retour, comme on dit en matière sportive. Le match aller s'est soldé par un nul. Côté syndical, la mobilisation pendant les fêtes a maintenu l'exécutif sous pression. Emmanuel Macron, malgré les concessions faites à certaines corporations, et tout en lâchant le mot «compromis» lors des vœux du 31 décembre, a réussi à faire passer le message dans l'opinion qu'il ne reculera pas. Chacun aborde cette semaine décisive avec des atouts dans la manche. L'arme principale pour les opposants à la réforme réside dans leur capacité à étendre la grogne à d'autres secteurs que les transports. Le risque réel d'essoufflement à la RATP et à la SNCF sera d'autant moindre que les grévistes auront le sentiment d'être rejoints ou encouragés par d'autres. A surveiller comme le lait sur le feu pour le gouvernement : les raffineries (à partir de mardi) et les profs (jeudi). L'atout du pouvoir : le temps. Pourquoi cèderait-il maintenant, alors qu'il a tenu face au risque de voir la France bloquée pour Noël ? Il va miser sur la lassitude de l'opinion, dont il scrutera l'humeur en ce lundi de reprise du travail. Le calendrier parlementaire va par ailleurs mettre la pression sur les syndicats : il est prévu que l'examen de la réforme commence le 22 janvier. Cela laisse peu de temps pour relancer un mouvement d'ampleur. La sagesse voudrait que Macron abatte dès mardi sa carte du «compromis», mais il pourrait choisir le passage en force. Au risque de l'épreuve de force.
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