Elle a entrepris une véritable plongée dans les rouages d'un crime qui progressivement sort de l'ombre. Depuis une dizaine d'années, le docteur Alexia Delbreil, psychiatre et médecin légiste au CHU de Poitiers (Vienne), étudie les homicides conjugaux. Ces crimes, elle les a souvent côtoyés, que ce soit en médecine légale (de la levée du corps à l'autopsie, en passant par la reconstitution) ou en psychiatrie, à travers les expertises réalisées en vue d'un procès. En 2011, la discrète trentenaire leur a même consacré sa thèse. Pour ce faire, avec l'accord du ministère de la Justice, elle a passé au crible les dossiers judiciaires complets de plus d'une cinquantaine de cas d'homicides ou de tentatives du ressort de la cour d'appel de Poitiers, épluchant scrupuleusement enquêtes de personnalité, auditions des auteurs, témoignages de l'entourage et autres expertises. Depuis, elle est devenue l'une des spécialistes françaises les plus reconnues sur le sujet. «Ces histoires se ressemblent, tout en étant singulières», analyse-t-elle depuis son bureau, au deuxième sous-sol de l'hôpital poitevin. Son objectif désormais : mieux prévenir un crime qui a causé la mort de 149 personnes, dont 121 femmes en 2018. En 2019, elles étaient au moins 127 à avoir trouvé la mort dans ces circonstances, selon les données (sûrement partielles, car établies à partir d'une rev
Interview
«Le féminicide est un crime en lien avec la dépossession»
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Des corps sont conservés dans une chambre froide du CHU de Poitiers, le 17 décembre. (Photo Claude Pauquet. VU pour Libération)
par Virginie Ballet
publié le 6 janvier 2020 à 20h06
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