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Sourires et fantômes dans les locaux de l’hebdo

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Recluse dans des bureaux ultrasécurisés, l’équipe de «Charlie» témoigne de sa fierté et de son bonheur d’y travailler, malgré les souvenirs de 2015 et la menace omniprésente.
Commémoration à la mémoire des victimes de l'attentat contre «Charlie Hebdo», près des anciens locaux, le 7 janvier 2019. (Marc CHAUMEIL/Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 6 janvier 2020 à 21h11

A 32 ans, Juin incarne l'avenir de Charlie. Le jeune dessinateur n'a pas connu le journal avant l'attentat autrement que comme lecteur. Il y a publié son premier dessin quelques mois plus tard, en avril 2015, lorsqu'il a fallu tout reconstruire sur des cendres et des morts. «C'était mon rêve de travailler pour Charlie, raconte l'ancien designer graphique. Cabu, Tignous et Wolinski ont forgé mon esthétique. Mais avoir des responsabilités dans ce journal n'a jamais été un objectif.» Depuis, Juin, désormais à plein temps, a fait son trou. L'an dernier, le directeur et propriétaire Riss, survivant de l'attentat, lui a proposé de devenir actionnaire, de même qu'aux chroniqueurs Jacques Littauer (Gilles Raveaud de son vrai nom) et Yann Diener, honorant ainsi une vieille promesse d'ouvrir le capital. «Riss est venu me voir timidement un an avant pour m'en parler, raconte Juin. Cela ne s'est pas fait dans la précipitation. C'est une façon de nous mettre en confiance, de préparer la suite.»

«Energie»

Préparer la suite… Il n'y a pas si longtemps, cette expression, utilisée à propos de Charlie, aurait frôlé l'indécence tant le journal s'efforçait de survivre d'une semaine à l'autre. Mais en cinq ans, l'équipe s'est reconstituée. Là où Riss et Coco, les deux piliers qui ont maintenu la rédaction à flot, devaient supporter l'essentiel de la production imagée en 2015 et 2016, plus d'une dizaine de dessinateur