Mohamed Sifaoui est à géométrie variable. Parfois, il porte une barbe, à d'autres moments il est glabre. Voici vingt ans, il était mince, aujourd'hui il a épaissi. La prise de poids reflète peut-être un quotidien qui s'est alourdi : Sifaoui vit sous la menace islamiste et sous surveillance policière depuis 2003. Son humeur aussi est changeante, au gré des situations. Avec nous, il a été très sympathique, généreux de son temps et confiant. Il n'a pas demandé à relire ses citations quand d'autres, nettement moins exposés, exigent ce droit de regard. Mais Mohamed Sifaoui, combattant l'islam politique, est capable d'une vigilance excessive, comme lorsqu'il a reproché à Latifa Ibn Ziaten, dont le fils fut assassiné par Mohamed Merah, de mettre un voile : «Son voile est celui d'une idéologie, l'idéologie qui a tué son propre fils, en l'occurrence celle des Frères musulmans.» Latifa Ibn Ziaten a porté plainte pour diffamation, Mohamed Sifaoui fut relaxé. Dans le même ordre d'idées, est-ce bien nécessaire de poursuivre Paris-I en justice même si l'université a annulé par manque de cran un séminaire qu'il devait y tenir en octobre sur les signaux faibles de la radicalisation ? Cette action donnera du grain à moudre aux adversaires de Sifaoui. Mais ainsi est-il : intraitable, sur Twitter comme ailleurs, comme le sont ceux qui ont vu de près les islamistes. «J'ai toujours eu une personnalité assez spéciale. Face à l'adversité, je ne lâche pas. J'ai été menacé pour la premi
Le portrait
Mohamed Sifaoui, le ferrailleur
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(Photo Samuel Kirszenbaum pour Libération)
publié le 7 janvier 2020 à 17h06
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