Un an et demi après avoir changé de propriétaire à la suite du naufrage d'Ebdo lancé par ses fondateurs, la revue trimestrielle de reportage XXI publie vendredi une nouvelle formule. «Nous avions tous envie de changer. La revue n'avait pas bougé depuis sa création il y a douze ans, alors que des dizaines de mooks [contraction de magazine et book, ndlr] ont été lancés et que tout le monde cherche des nouvelles formes d'écriture», justifie Léna Mauger, co-rédactrice en chef avec Marion Quillard.
La revue imaginée par Patrick de Saint-Exupéry et Laurent Beccaria s'est vite imposée à sa naissance en 2008 comme un repaire pour le journalisme de qualité. Sans publicité, elle privilégie le terrain, la distance avec l'actu chaude, l'étranger et le long format. Elle vend 22 000 à 23 000 exemplaires et compte 8 000 abonnés. L'objectif est d'arriver à 10 000 abonnés avec cette nouvelle formule. «Nous avons un public très fidèle, de 25-45 ans, qui nous suit depuis le début, mais nous voulons aller chercher de nouveaux lecteurs», indique Léna Mauger, qui vise un rajeunissement.
Concrètement, l'identité de la revue, éditée dans un format un peu plus petit, n'est pas bouleversée. On retrouve tous les éléments qui font sa force. Mais la mise à jour, dans le détail, est particulièrement réussie, notamment le travail de mise en correspondance de l'image et du texte. XXI s'est débarrassé des formats courts qui l'ouvraient. On entre directement dans le vif avec le récit annoncé en couverture. En l'occurrence, un formidable reportage auprès des pilotes de drones de l'armée américaine, manœuvrant leurs engins de mort depuis une base située à Las Vegas. Un cahier photo en papier glacé a été inséré au centre. Une rubrique sur l'environnement a aussi été créée. Un sujet que veut explorer davantage Léna Mauger, de même que la technologie et le féminisme. Si le prix (16 euros) n'a pas bougé, la rédaction est passée de 7 à 3 journalistes. Ce qui suppose de faire appel à des signatures extérieures, notamment étrangères.