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Interview

Nicole Belloubet : «Les avocats ont des craintes qui n’ont pas lieu d’être»

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En pleine contestation des barreaux contre la réforme des retraites, la ministre de la Justice répond aux questions de «Libération». Outre ce dossier brûlant, elle évoque la réponse du système judiciaire face aux violences faites aux femmes et ouvre la porte à un retour des jihadistes et de leurs enfants en France.
Nicole Belloubet dans son bureau de la place Vendôme, mardi. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 10 janvier 2020 à 19h46

Ancienne professeure de droit public et membre du Conseil constitutionnel, Nicole Belloubet, 64 ans, est garde des Sceaux depuis juin 2017. Pour Libération, elle revient sur plusieurs dossiers sensibles de la Place Vendôme : de la grève des avocats au retour des jihadistes et de leurs enfants en France, en passant par les violences faites aux femmes.

Plusieurs barreaux de France ont entamé depuis le 6 janvier une «grève dure» pour protester contre la réforme des retraites avec l’intégration de leur régime autonome dans un régime universel. Le dialogue semble compliqué avec les différentes instances représentatives…

Je n’ai pas de mauvaises relations avec les avocats, elles sont parfois tendues parce que nous sommes en désaccord sur un certain nombre de points. Je n’ai pas le sentiment que le dialogue ait jamais été rompu mais je regrette leur position de refus du régime universel. Les instances représentatives sont venues deux fois dans ce bureau et ont été reçues à huit reprises sur des aspects plus techniques par le haut-commissariat aux retraites.

On peut donc parler de dialogue de sourds ?

Ils sont sur une position de refus totémique mais il n’empêche que je continue à leur expliquer tout ce que l’on peut faire pour faciliter la transition de la profession vers le système universel de retraite, comme la baisse des cotisations hors retraite, la conservation des réserves que les avocats ont constituées dans le cadre du régime actuel, une transition très longue… Mais ils doivent rentrer dans le régime universel, comme toutes les professions, dans un souci de justice et de solidarité.

Vous avez pris votre carte au PS en 1983. Comment une femme de gauche vit une réforme des retraites taxée de libérale que les syndicats réformistes jugent impossible à signer en l’état ?

Quand vous faites partie d'un gouvernement, si vous y restez, vous êtes solidaire. Ce que vous avez à dire, vous le dites avant, mais pas après. Ou sinon comme disait Jean-Pierre Chevènement en 1