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Libération
Éditorial

Pole position

publié le 10 janvier 2020 à 20h56

Anne Hidalgo a de la chance. Elle lance officiellement sa campagne pour sa réélection comme maire de Paris face à des adversaires engagés dans une autre élection, une sorte de compétition parallèle : celle des opposants les plus bêtes du monde. Avec des ennemis politiques comme Benjamin Griveaux, Cédric Villani, Gaspard Gantzer ou Rachida Dati, l'édile socialiste, en exagérant un brin, n'a plus besoin d'amis pour l'aider à prolonger son magistère à la tête de la capitale. Prenez La République en marche, dont on disait à l'issue des élections européennes qu'elle avait, à défaut d'un boulevard devant elle, un vrai coup à jouer pour conquérir Paris. Problème : les quasi 33 % obtenus par la liste macronienne ont nourri des ambitions concurrentes. Benjamin Griveaux ou Cédric Villani ? Cédric Villani ou Benjamin Griveaux ? Le patron Macron a refusé de trancher. Résultat, à neuf semaines du premier tour, le candidat LREM s'appelle Cédric Griveaux, pardon, Benjamin Villani, bref on ne sait plus trop. Difficile dans ces conditions d'installer une dynamique. Encore plus depuis que l'élu ex-LR du XVIIIe Pierre-Yves Bournazel a proposé cette semaine aux deux autres de s'allier avec lui. Confusion quand tu nous tiens…

LR justement ! C’est peu dire que la droite parisienne continue, presque vingt ans après sa défaite face à Bertrand Delanoë, de cultiver la division. Rachida Dati n’en est pas la seule responsable, mais elle ne laisse pas non plus sa part au chien.

Anne Hidalgo n’est pas que chanceuse. Sa pole position à l’orée de sa deuxième bataille de Paris, elle la doit aussi à son bilan, notamment en matière d’environnement. Il est imparfait, évidemment. Il reste beaucoup à faire pour transformer Paris en capitale verte. Mais Anne Hidalgo, à force de tenir tête aux lobbys, notamment automobiles, s’est bâti une image d’élue tenace et cohérente. Une élection ne se gagne pas sur un bilan. Ça aide quand même.