La chanson pourrait s'intituler «Ça balance pas mal dans l'alliance». L'union entre les constructeurs automobiles français et japonais Renault et Nissan a été particulièrement secouée ces derniers jours. Lundi, le Financial times évoquait «un plan secret chez Nissan» pour une séparation avec Renault. Il est vrai que depuis ces derniers mois, plusieurs éléments n'ont pas vraiment plaidé en faveur du bon fonctionnement de l'attelage. Les résultats de Renault et son cours de Bourse se sont singulièrement dégradés, comme Carlos Ghosn l'a souligné à plusieurs reprises lors de sa conférence de presse. Les voix ont, en outre, été grandissantes au Japon pour dénoncer le poids de Renault au détriment de Nissan et réclamer, de ce fait, un rééquilibrage aussi bien dans la gouvernance (la répartition des postes de dirigeants) que dans les participations. Enfin, dans sa conférence de presse du 8 janvier, l'ex-PDG de l'ensemble Carlos Ghosn a attribué le déclenchement de ses ennuis judiciaires au mouvement de fusion qu'il s'apprêtait à lancer entre Renault et Nissan. Une initiative qui aurait heurté le nationalisme japonais, avant de conclure: «L'alliance n'existe plus.»
La contre-attaque ne s'est pas fait attendre. Dans une interview au quotidien belge l'Écho publiée ce mardi, Jean-Dominique Sénard se veut lyrique et rassurant : «L'alliance Renault Nissan n'est pas morte. On le démontrera bientôt», déclare-t-il avant de marteler que le niveau des investissements nécessaires dans l'industrie automobile rend indispensable l'existence d'un groupe de la taille de Renault Nissan. Le ministre de l'Economie, lui ne veut voir dans ces remous que «des informations malveillantes». Preuve toutefois, qu'il espère bien un certain retour au calme, Bruno Le Maire fait part de son attente quant à la nomination d'un nouveau numéro 2 chez Renault. Le poste est en effet toujours vacant depuis le départ de Thierry Bolloré pour cause de désaccord avec le numéro 1, Jean-Dominique Sénard.
Le soutien le moins enthousiaste vient, hasard ou coïncidence, de Nissan. Le constructeur japonais s'est contenté d'un communiqué laconique pour déclarer qu'il n'a pas du tout l'intention de dissoudre l'alliance. L'état-major de Renault mise maintenant sur le prochain conseil d'administration de l'alliance Renault Nissan, le 30 janvier, pour annoncer «de nouveau projets communs». Ils pourraient notamment être liés à la voiture connectée, qui est l'un des principaux enjeux de l'industrie automobile.