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Souriez, l'Insee fait sa photo de la famille

L'institut publie ce mardi un état des lieux de la famille. En tête, la «traditionnelle» malgré une certaine érosion, suivie par les «monoparentales» qui croissent tandis que les «recomposées» stagnent.
Selon l'Insee, 67% des familles sont dites traditionnelles. (Eiji Ogura / EyeEm/Photo Eiji Ogura. Getty Images)
publié le 14 janvier 2020 à 15h39

Wesh la Mif. Autrement formulé wesh la famille. Voilà l’exercice auquel s’est livré l’Insee. Après avoir dûment dépiauté ses statistiques de 2018, l’institut rend public aujourd’hui un état des lieux (1) de celle que certains haïssent mais que beaucoup chérissent. Car oui, la famille n’a pas du plomb dans l’aile et promet même de s’agrandir lorsque la loi sur la PMA (procréation médicalement assistée) pour toutes quittera les bancs du Sénat pour être définitivement adoptée par l’Assemblée cette année.

Dans le détail, cette photo à base de chiffres révèle que 67% des familles sont traditionnelles. Le modèle reste dominant même s’il a perdu deux points entre 2011 et 2018. L’érosion suit son cours sans effondrement, mais avec une nuance : alors qu’en 2011, la moitié des familles traditionnelles étaient composées de couples mariés, le chiffre est tombé à 45%. Et les enfants là-dedans ? 68% d’entre eux grandissent actuellement dans cet «environnement». Précision : ce modèle traditionnel est particulièrement présent en Pays-de-la-Loire et Bretagne, la plupart des départements de la région Auvergne Rhône-Alpes, les Hauts-de-Seine, les Yvelines, le Doubs, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Pour faire court, c’est dans l’Ouest et à l’Est que la famille à l’ancienne est la plus fréquente. Avis aux amateurs… Dernier élément pour compléter ce tableau brossé par les statisticiens : la moitié des mères de ces familles ont un diplôme supérieur au bac contre un tiers des mères de familles monoparentales ou recomposées. Logique, les enfants qui grandissent dans ce cadre sont ceux qui vivent le plus souvent avec deux parents qui travaillent (68% contre 58% des enfants de familles recomposées par exemple) et sont propriétaires de leur logement (66%).

Plus de la moitié des enfants vivent dans une famille monoparentale en Guadeloupe et en Martinique

Sans surprise, ce sont les familles monoparentales (24%) qui se classent derrière les tradis et abritent en moyenne – gag de ce genre de calcul – 1,8 enfant. Leur nombre ne cesse de croître depuis la fin des années 70 : encore deux points de plus entre 2011 et 2018. Pour mémoire, en 1975, on ne recensait que 10% de familles monoparentales. Pivot de ces familles ; la mère (dans 85% des cas !!!). Actuellement, 13% des enfants vivent dans de ce type de famille avant l’âge de 3 ans ; et 27% entre 15 et 17 ans. Las, leurs mères sont moins souvent en emploi que dans les autres familles, car souvent moins diplômées mais aussi soumises à des contraintes de garde d’enfant des plus coton. Ces familles-là sont très présentes dans les centres urbains et leurs banlieues. Rien de surprenant quand on saura que plus d’un tiers d’entre elles (37%) occupent un logement social souvent localisé dans les centres-villes et leur couronne (avec un pic sur le pourtour méditerranéen). Histoire de ne pas rester sur notre petit Hexagone, on notera qu’en Guadeloupe et en Martinique, plus de la moitié des enfants vivent dans une famille monoparentale.

Dernier modèle de famille croqué, la recomposée (majoritairement en union libre) qui fait du surplace. Leur part est quasi stable depuis 1999 (9,1%) avec un enfant sur dix qui y grandit. Prévisible, ce sont elles qui concentrent le plus d’enfants (2,9 en moyenne). Parmi eux, 7% poussent avec un parent et un beau-parent, 4% avec leurs deux parents. Curieusement, les familles recomposées qui, plus fréquemment que les autres, choisissent de s’épanouir hors des grandes aires urbaines (vive l’espace, et pas seulement la voiture) semblent avoir un faible pour le Pas-de-Calais. Des spécificités locales ? On attend la prochaine enquête de l’Insee.

(1) Insee Première, n°1788, janvier 2020