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Municipales

A Villeurbanne, la gauche réunie se chauffe contre «ceux qui ont tourné casaque»

Le candidat Cédric Van Styvendael a donné son premier grand meeting mercredi soir dans la ville de la périphérie lyonnaise. Rose de longue date, la commune est convoitée par une candidate verte et LREM.
Guillaume Balas (Génération·s), Emmanuelle Cosse (ex-EE-LV) et Boris Vallaud (PS) au meeting de Cédric Van Styvendael (au premier plan), mercredi à Villeurbanne. (Bruno AMSELLEM/Photo Bruno Amsellem pour Libération )
par Maïté Darnault, envoyée spéciale à Villeurbanne
publié le 16 janvier 2020 à 13h28

«Vanne-sti-vandelle, voilà, c'est ça ! lance l'animateur. On ne vous demandera pas de savoir l'écrire, juste de le dire.» Mercredi soir, la gauche «rassemblée» a donné son premier grand meeting à Villeurbanne (Métropole de Lyon), dans une salle comble. L'occasion, donc, d'apprendre à prononcer le nom d'origine flamande de sa tête de liste aux élections municipales de mars, Cédric Van Styvendael. Pour représenter le bloc que ce spécialiste du logement social est parvenu à fédérer (Parti socialiste, Parti communiste, Génération·s, Place publique, les insoumis villeurbannais et le Parti radical de gauche), des têtes d'affiche ont même fait le déplacement depuis Paris : Boris Vallaud (PS), Ian Brossat (PC), Guillaume Balas (Génération·s). Et Emmanuelle Cosse, ancienne secrétaire nationale d'EE-LV, venue régler quelques comptes avec son ex-parti.

«Strapontins»

Tous ont rendu hommage à Jean-Paul Bret, maire durant dix-huit ans de cette commune de près de 150 000 habitants limitrophe de Lyon. Pilier du socialisme rhodanien, l'édile a résisté à la vague En marche de 2017 levée par l'un de ses contemporains, Gérard Collomb, avant d'annoncer l'année dernière qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat. Ce mercredi, quand Cédric Van Styvendael monte sur scène, c'est également cette constance qu'il salue, en bon héritier, «dans une agglo où beaucoup ont tourné casaque à la moindre brise pour quelques strapontins», dit-il. Le ton est donné : l'adversaire, pour ces municipales, c'est la division. Celle qui a rongé la majorité sortante, accouchant d'une liste La République en marche (LREM) menée par l'ancien socialiste Prosper Kabalo et soutenue par le Modem, Agir et l'UDI.

Celle, également, qu'instilleraient les écologistes en refusant une alliance dès le premier tour : «L'objectif, ce serait de faire tomber les villes de gauche, qui n'ont pas à rougir de leur bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique ?» interroge à la tribune Cédric Van Styvendael. Avant de lancer un «avis aux conquérants de tous bords» : «Nous ne laisserons personne dire que les questions écologiques sont une propriété politique privée, celles et ceux qui veulent s'octroyer seuls ce pouvoir se trompent.» N'empêche, la candidate verte, Béatrice Vessiller, pourrait bien capitaliser sur l'engouement des Villeurbannais pour EE-LV, qui a récolté plus de 20% des voix aux européennes.

«Petit coup de mou»

Cette campagne du premier tour va se faire sur un fil puisque les écolos comme la gauche surfent sur les mêmes thèmes : justice sociale, urgence climatique et démocratie participative. Seul leur ordre varie en fonction de la rhétorique… Celle d'Emmanuelle Cosse, qui a quitté son parti en 2016 pour devenir ministre du Logement de François Hollande, est cinglante ce mercredi à Villeurbanne : «L'écologie n'est pas la propriété d'EE-LV, je le dis en tant qu'écologiste, le rassemblement aurait pu être plus large, on a tous assisté à des batailles qui nous ont fait perdre beaucoup de choses.»

Concédant un «petit coup de mou» en politique, celle qui est encore conseillère régionale d'Ile-de-France et membre du comité de soutien d'Anne Hidalgo pour Paris s'est ensuite félicitée que «d'autres familles politiques se sont totalement ouvertes» sur l'urgence climatique et décident de «prendre à bras-le-corps ces enjeux». Avant son discours, Boris Vallaud l'a précédée au micro. Et ce n'est pas tant son tropisme vert que le porte-parole du PS a développé qu'un franc désir de revanche : «Cette élection engage bien plus que Villeurbanne, elle engage la reconquête. Ce qui se joue ici, c'est la France d'après, la démonstration que la résignation n'est pas du camp de la gauche.» En plus punk, ça a donné : «Ce coin de France dont on dit qu'il a été le berceau du marchisme, faites-en le cimetière.»