Dans une interview publiée samedi dernier dans Libé, la ministre de la Justice avait détonné par la clarté de sa position en faveur du rapatriement des jihadistes français, dans un contexte d'instabilité en Irak. Surpris par cette position, contraire à celle du Quai d'Orsay, le député LR Claude de Ganay a profité des questions au gouvernement, mardi, pour lui demander : «Pourquoi vouloir rapatrier sur notre territoire national les jihadistes français arrêtés en Syrie et en Irak ?» Mais alors que la garde des Sceaux est bien présente, c'est le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui répond : les jihadistes «doivent être poursuivis au plus près du lieu où ils ont commis leurs crimes». Il laisse alors entendre qu'il n'y a pas de contradiction au sein du gouvernement, et suggère une mauvaise lecture : «A la différence de ces combattants, les enfants, eux, doivent avoir un sort différent. Je pense que vous avez confondu dans les propos de la garde des Sceaux les deux points de vue.» Belloubet avait pourtant explicitement évoqué le rapatriement des jihadistes adultes : «S'il n'est plus possible de les juger sur place, je ne vois pas d'autre solution que de rapatrier ces gens en France.» Selon Mediapart, cette prise de position a même valu à la ministre une remontrance de Matignon.
Rapatriement des jihadistes : Le Drian a-t-il contredit Belloubet ?
Jean-Yves Le Drian, en 2017 à Paris. (Photo Laurent Troude pour Libération)
par Jacques Pezet
publié le 17 janvier 2020 à 18h36
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