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Libération
Éditorial

Dilemme

publié le 20 janvier 2020 à 20h41

La CFDT a des difficultés avec sa «base» ? Elle n'est pas la seule. Vendredi, Philippe Martinez déclare qu'il ne «cautionne» pas l'intrusion (peu violente mais peu admissible) de certains de ses militants au siège du syndicat de Laurent Berger. Trois jours plus tard, lundi, une escouade de cégétistes de la fédération énergie (plus énergiques, trop énergiques ?) coupe le courant du même syndicat concurrent, jugé trop conciliant. Aussitôt, Fabrice Angeli, autre dignitaire de la CGT, fait savoir qu'il désapprouve l'action et qu'il la juge «contre-productive». La direction cégétiste, manifestement, a du mal à contrôler sa base. A vrai dire, ces incidents fort dommageables, qui donnent du syndicalisme une image peu attractive, sont le symptôme d'un mouvement en difficulté. La CGT ne sait trop comment terminer - ou poursuivre - sa protestation. La CFDT, qui s'est retirée après avoir obtenu en partie satisfaction sur la question de l'âge pivot, fait face aux doutes d'une partie de sa base. Dans quelle proportion ? On ne sait. Le syndicat réformiste peut toutefois invoquer le passé récent. En 1995, puis en 2003, il avait dû faire face à une contestation interne autrement virulente, qui s'est soldée par le départ d'une partie non négligeable de ses militants. Quelques années plus tard, elle devenait néanmoins le premier syndicat de France, dominante dans le secteur privé, en seconde position dans le public. De toute évidence, la masse des salariés, consultée par voie de scrutin, ne lui a guère tenu rigueur de son supposé modérantisme. N'est-ce pas le problème qui se pose à l'ensemble du mouvement syndical ? Faut-il exiger un retrait qui revient à jouer le tout ou rien ? Ou bien négocier, quitte à ramener des résultats incomplets, partiels, décevants parfois, mais tangibles ? Face à ce dilemme, les syndicalistes de France hésitent. Ce qui n'est pas le meilleur moyen de se renforcer.