Depuis près de trente ans, son nom revient périodiquement troubler le monde du renseignement et des affaires. Connu du microcosme pour ses opérations d'influence et de déstabilisation, Pierre Sellier avait jusqu'ici toujours échappé à la justice, en dépit des plaintes déposées contre lui. Fondateur de la société de conseil en stratégie Salamandre, il comparaît ce mardi devant la 16e chambre du tribunal de grande instance de Paris pour une série de «messages malveillants» envoyés en juin 2019 à un ex-préfet, Henri-Michel Comet, et à un conseiller de la Coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, rattachée à l'Elysée, Jean-François Gayraud. En l'espace de deux jours, des dizaines de mails ont été adressés aux deux hommes, pour certains ouvertement potaches, pour d'autres plus menaçants, avec des liens vers des scènes d'égorgement.
Lors de son audition, Pierre Sellier a d'abord évoqué une «vaste opération de nettoyage par voie judiciaire d'une courte colonne de cloportes qui se sont spécialisés dans le montage de dossiers de dénonciation calomnieuse». Puis il a expliqué aux policiers travailler avec une équipe d'une quarantaine de personnes sur des «opérations de contre-espionnage». A la fin de son audition, Sellier a toutefois pris soin de préciser qu'il souffrait de troubles bipolaires. «Si vous voulez, c'est un peu comme Carrie Mathison, l'héroïne de [la série] Homeland», nous dit-il cour