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Libération
Éditorial

Amateurisme

publié le 23 janvier 2020 à 20h56

Une victoire pour le gouvernement ? L’arrivée ce vendredi du texte sur la refonte du système des retraites en Conseil des ministres acte que cette réforme, centrale dans le projet macronien, arrive dans sa dernière ligne droite. Elle ouvre la voie à son examen par la représentation nationale à partir du mois de février. Malgré des semaines de grève dans les transports qui ont électrisé les congés de fin d’année, des manifestations massives à répétition, le gouvernement, au prix de quelques concessions et ajustements, a tenu bon dans la tempête. Emmanuel Macron sauve son costume de «Réformator» que lui contestent des Français décidément réfractaires. Edouard Philippe peut, lui, chausser ses bottes de juppéiste attaché aux équilibres financiers, chers à l’aile droite de la majorité. Champagne, et au lit les syndicalistes arc-boutés sur le retrait du texte !

Malheureusement pour l'exécutif, cette lecture ne correspond pas à la réalité politique et au bilan (provisoire) qu'on peut en tirer. Les opposants à la réforme n'ont pas rendu les armes. Les trains et les métros fonctionnent de nouveau, la mobilisation lors des appels à manifester de l'intersyndicale décline. C'est vrai. Mais le climat social reste inflammable. Par ailleurs, comment le pouvoir peut-il se satisfaire que 61 % des Français se déclarent aujourd'hui opposés à cette réforme, alors qu'ils étaient deux tiers à l'approuver il y a un an ? Belle victoire politique ! Elle est le fruit d'un amateurisme qu'éclaire le récit de ces mois de tergiversations et de ratés que Libération publie aujourd'hui. Certains hauts gradés de la majorité le reconnaissent : «Les gens n'ont rien compris à ce qu'on voulait faire.» Au-delà même de la réforme des retraites, c'est sans doute le principal échec de cette majorité trop tiraillée pour savoir où elle va vraiment.