C'est une ombre fluette qui glisse dans la nuit. Grâce aux caméras du Xe arrondissement de Paris, on la suit rue par rue, évanescente, toujours courbée en avant pour ne pas laisser deviner les traits de son visage. Au gré de ces pérégrinations nocturnes, les policiers du 2e DPJ de Paris s'arrêtent sur deux détails : «Ses cheveux décolorés, parfaitement visibles», et «l'inscription blanche présente sur la poitrine, pouvant correspondre à la marque Puma.» Sur les procès-verbaux, l'ombre devient «l'individu D». Et l'une des énigmes judiciaires les plus commentées des dernières années sur les réseaux sociaux.
Si les enquêteurs dissèquent la vidéosurveillance de cette nuit du 6 juillet 2018, c’est qu’un homicide particulièrement sanglant s’y est déroulé en pleine rue. Un peu avant 3 heures du matin, une escouade de sept personnes, la plupart capuchées, marche d’un pas décidé rue du Buisson-Saint-Louis, munie d’au moins une batte de baseball. Quelques secondes plus tard, dans une action qui semble coordonnée, un coupé Mercedes noir déboule à contresens et percute un jeune homme, Loïc Kamtchouang, au 188, rue Saint-Maur. Allongé au sol, il voit alors la bande fondre sur lui et le rouer de coups. Lorsque les pompiers sont à son chevet à 3 h 07, Loïc Kamtchouang présente 22 plaies par arme blanche, au visage, au bassin et sur l’arrière des jambes. Il meurt 27 minutes plus tard, d’une hémorragie consécutive à la section d’une artère fémorale.
Depu