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le portrait

Christian Chouviat, livrer la vérité

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Le père de Cédric, le coursier tué à Paris à la suite d’un contrôle de police, est entré dans une longue lutte pour que justice soit faite.
Christian Chouviat le 20 janvier à Paris. (Photo Jérôme Bonnet pour Libération)
publié le 26 janvier 2020 à 17h06

«A mon petit-fils, qui a trois ans aujourd'hui, je ne peux pas dire : "Ton papa il est mort parce que c'était un vilain monsieur." Non, il est mort parce qu'il a rencontré quatre vilaines personnes. Lui, c'était un bon père, un travailleur.» Christian Chouviat s'arrête quelques instants. Et retient difficilement ses larmes tandis qu'il parle de son fils, Cédric, décédé lors d'un contrôle de police violent, le 3 janvier.

L'homme a donné rendez-vous dans une grosse brasserie de Boulogne, chez Marcel. Le patron, un Aveyronnais ami de ce descendant d'Auvergnats, nous installe dans une petite salle tranquille. Ce dirigeant d'une entreprise de livraison est entré en lutte. Il veut que justice soit faite. Il dit : «Pour moi, c'est un meurtre. Et les meurtres ne peuvent pas rester impunis.» Le Parisien de 63 ans, massif, continue, d'une voix claire, racontant son rendez-vous avec le ministre de l'Intérieur : «Je lui ai dit à Castaner : "Je n'ai rien contre vous, mais je suis parti en guerre." Moi, je n'ai pas la haine contre la police en général, j'ai la haine contre ces individus.»

Inlassablement, il redéroule les minutes qui ont précédé et suivi le drame. La veille il était revenu de Seignosse dans les Landes, où il se rend souvent en vacances. Ce vendredi matin là, il arrive un peu en retard dans les bureaux de sa société familiale, où son fils de 42 ans travaillait comme coursier. «Cédric me dit : "Papa, il est 9 h 20, t'es pas sérieux, j'ai