En Bretagne, entre ruptures intempestives et indifférence polie, plusieurs grandes villes ont acté, avec plus ou moins de fracas, les différends entre Modem et LREM. C'est le cas notamment de Quimper (Finistère) où la députée En marche Annaïg Le Meur, forte de ses 54,5 % au second tour des dernières législatives, face au socialiste Jean-Jacques Urvoas, espère rafler la mise et, à tout le moins, devancer largement la candidate Modem et actuelle première adjointe du maire sortant, Isabelle Le Bal, qui a monté sa propre liste. Il faut dire que cette dernière, peu portée sur le macronisme, n'a pas songé une seconde à rejoindre la députée, demeurant en l'occurrence beaucoup plus proche du maire, Ludovic Jolivet, qu'elle pourrait rejoindre au second tour. Là où tout se complique, c'est que le premier magistrat lui-même, passé de LR à Agir, se proclame pour sa part depuis des mois tout à fait Macron-compatible, et aurait aimé endosser l'investiture d'En marche. Las, les instances nationales en ont décidé autrement, laissant place à un duel qui s'annonce féroce avec Le Meur.
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De la colère, des cris et des larmes, c'est toutefois du côté de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor, qu'on a pu surtout en recueillir, avec les alliés d'hier qui aujourd'hui se déchirent. Tout a commencé avec la décision surprise de la maire de la ville, Marie-Claire Diouron, de propulser son jeune directeur de cabinet LREM, Corentin Poilbout, 31 ans, tête de liste pour les municipales, la maire se réservant, en cas d'élection, la présidence de la Métropole. Un choix que, c'est un euphémisme, n'a guère goûté le député Bruno Joncour, proche de François Bayrou et un des poids lourds du Modem. Sa fureur a en tout cas été à la mesure de son sentiment de trahison en apprenant, sans y avoir été associé, la décision de son ex-protégée, qui lui a succédé à la tête de la mairie après avoir été sa première adjointe. Et les amabilités n'ont, de part et d'autre, pas tardé. Bruno Joncour dénonçant un «coup de force», voire «un coup tordu», tandis que Marie-Claire Diouron décelait dans les critiques de son ancien mentor, les signes d'une certaine misogynie. Ambiance. Toujours est-il qu'un nouveau candidat, porté par Joncour, a du coup fait irruption dans la campagne en la personne de Richard Rouxel, ancien directeur du centre hospitalier de Guingamp, novice en politique et tout fraîchement estampillé Modem.
A Rennes, les pas de deux entre la candidate LREM Carole Gandon et le maire de Saint-Grégoire, une commune limitrophe, Pierre Breteau, investi par le Modem, ont quant à eux été longtemps incertains, avant que les choses ne s'éclaircissent et n'entérinent leurs désaccords. Dans un premier temps, c'est le maire centriste qui a proposé à la trentenaire un «ticket» pour prendre la mairie et la métropole. Proposition rejetée par l'intéressée, se déclarant peu encline à ce type de combinazione. Résultat, Breteau a fait alliance avec un nouveau venu en politique, Charles Compagnon, soutenu par LR. Ce qui semble avoir mis en rage les états-majors du Modem comme de LREM, qui se sont, pour le coup, retrouvés sur la même longueur d'ondes.