Menu
Libération
SNCF

Primes pour les cheminots non grévistes : «C’est diviser pour régner»

La direction de la SNCF distribue des gratifications aux agents qui ont augmenté leur temps de travail durant la grève de décembre et janvier. Pas vraiment du goût de certains syndicats qui pourraient porter l'affaire en justice.
Des trains en maintenance au Technicentre de Noisy-le-Sec, le 21 janvier. (ERIC PIERMONT/Photo Eric Piermont. AFP)
publié le 30 janvier 2020 à 19h10

Le bonus est tombé sur les feuilles paie de janvier. Certains cheminots, notamment des conducteurs et des aiguilleurs, ont reçu une prime de plusieurs centaines d'euros. Au technicentre de Trappes-Montrouge, un cheminot se voit ainsi attribuer 500 euros en remerciement de «son professionnalisme, son implication et sa grande disponibilité dans le cadre du mouvement de grève».

La direction de la SNCF justifie ce type de prime en raison du surcroît de travail pour certains cheminots. «Ils ont choisi d'allonger leur temps d'activité pour faire face aux perturbations générées par les arrêts de travail», indique-t-on à la direction du transporteur en précisant que «ces primes sont à l'appréciation des managers locaux», en clair les directeurs d'établissement.

«Pratique illicite»

Evidemment, les syndicats en pointe dans le mouvement contre la réforme des retraites goûtent peu l'initiative consistant à récompenser des «casseurs de grève». Surtout au moment où les cheminots grévistes qui totalisent plus de vingt-trois jours d'arrêt de travail vont se retrouver avec une fiche de paie à zéro euro. «C'est diviser pour régner et paradoxal suite aux pertes financières qui ont été annoncées», estime Didier Mathis, le secrétaire général de l'Unsa ferroviaire. Le syndicat SUD rail, lui, n'exclut pas de porter l'affaire en justice en s'appuyant sur une décision de la Cour de cassation du 6 septembre 2010.

La juridiction s'appuie sur l'article L 2511-1 du travail selon lequel «lors d'un mouvement de grève, l'employeur ne doit sanctionner ni les grévistes ni favoriser ceux qui n'ont pas participé au conflit». Et la Cour de conclure : «Attribuer une prime aux salariés qui, en plus de leur travail, ont accepté de remplacer leurs collègues le temps de la grève est donc une pratique illicite.» SUD rail décidera lors d'une réunion de ses instances fédérales le 11 février de lancer ou non une procédure en justice.